Lors de la manifestation du 19 avril, à Toulouse. / PASCAL PAVANI / AFP

Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a opposé, vendredi 20 avril, une fin de non-recevoir à la demande de l’intersyndicale de la SNCF d’être reçue par le premier ministre Edouard Philippe, affirmant que « les discussions se feraient » avec Elisabeth Borne.

« On ne choisit pas son interlocuteur, le meilleur moyen pour discuter, ça n’est pas de quitter la table et de claquer la porte, a déclaré M. Griveaux lors du compte rendu du conseil des ministres. C’est en s’asseyant autour de la table qu’on arrive à avancer et les discussions se feront avec Mme Elisabeth Borne, ministre des transports en charge du dossier. »

L’intersyndicale CGT-UNSA-SUD-CFDT de la SNCF avait décidé jeudi de suspendre sa participation à la concertation avec Mme Borne et souhaitait être reçue par M. Philippe, « puisque, semble-t-il, c’est lui qui prend toutes les décisions concernant l’évolution du dossier », avait dit Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots.

Mais, a souligné M. Griveaux, les syndicats « sont les bienvenus à retrouver la table des discussions avec Mme Borne. Nous serons à l’écoute, attentifs, comme nous l’avons toujours été depuis le premier jour»

Le porte-parole a insisté sur le fait que les concertations étaient menées par Mme Borne depuis « des semaines ». « Et c’est à quelques jours de la fin des concertations que l’intersyndicale souhaite choisir l’interlocuteur alors que des choses ont été actées », a-t-il regretté. « Ma porte reste ouverte », avait dit la ministre, jeudi soir.

« Curieuse façon de gouverner » dénoncent les syndicats

« Le gouvernement sort du bois et avoue enfin qu’il ne veut pas négocier », a réagi vendredi Cédric Robert, porte-parole de la CGT Cheminots. « Les cheminots, les usagers et les citoyens en général apprécieront cette posture irresponsable alors que l’on s’apprête à dilapider la SNCF. Ce type de positionnement vient renforcer l’unité syndicale et la détermination des cheminots à agir et amplifier l’action », a-t-il ajouté.

C’est une « curieuse façon de gouverner », a déploré Didier Aubert, secrétaire général de la CFDT-Cheminots. Le courrier des syndicats au premier ministre « n’était pas encore parti à l’heure de la réponse. () Il y a lieu d’être très inquiet pour notre démocratie où le doute et l’écoute n’ont plus leur place », a-t-il poursuivi.

« Je regrette qu’avant même que la demande soit arrivée à destination, on essuie un refus. On verra la réponse [à la lettre]. La question n’est pas de négocier avec Edouard Philippe, mais de cadrer le chantier, d’avoir un positionnement qui permette à chacun de prendre ses responsabilités », a, de son côté, déclaré Roger Dillenseger, secrétaire général de l’UNSA.