Le youtubeur ReSet, 1,2 million d’abonnés, n’en est pas à sa première polémique. / ReSet / YouTube

Sur sa chaîne YouTube, Kanghua Ren, plus connu sous le pseudonyme de ReSet, continue de poster plusieurs fois par semaine des vidéos. Il fait pourtant l’objet de poursuites judiciaires pour l’une d’entre elles : un canular, posté en janvier 2017, dans lequel il s’en prenait à une personne sans abri. Celui qui vit à Barcelone en Espagne risque pour cette blague de mauvais goût une peine de prison et une amende de plusieurs milliers d’euros, rapporte le quotidien espagnol El Pais, mardi 17 avril, qui a eu accès aux documents judiciaires.

Dans la vidéo mise en cause – et depuis supprimée –, ReSet, qui compte 1,2 million d’abonnés sur sa chaîne YouTube, trafique plusieurs gâteaux de la marque Oreo. Il y remplace la crème blanche par une couche de dentifrice, avant de remettre les biscuits dans leur emballage d’origine. Il se rend ensuite à un supermarché, devant lequel se trouve Gheorghe L., un homme sans abri de cinquante-deux ans. Il lui propose les gâteaux piégés, qu’il mange et lui donne un billet de vingt euros.

« Ça l’aidera à garder ses dents propres »

La blague qui consiste à mettre du dentifrice dans un Oreo est répandue. Sur YouTube, on dénombre des milliers de vidéos de ce type. Sauf que, d’ordinaire, les vidéastes s’en prennent à des personnes qu’ils connaissent : un frère ou une sœur, un ami, un parent. ReSet, lui, a choisi un parfait inconnu, en situation de grande précarité.

Il s’était justifié en expliquant : « peut-être que j’ai dépassé un peu les limites, mais regardez l’aspect positif : ça l’aidera à garder ses dents propres. Je pense qu’il ne les avait pas lavées depuis qu’il était devenu pauvre. » Gheorghe L., lui, a dit être tombé malade après avoir ingéré les gâteaux.

Un acte « immature »

Voyant que sa vidéo faisait polémique, Kanghua Ren, 19 ans au moment des faits, est revenu voir Gheorghe L. Il a filmé avec lui une seconde vidéo, dans laquelle il lui donnait un peu d’argent. Il y estimait que « les gens prenaient trop à cœur les blagues faites dans la rue à des mendiants ». « Si je l’avais fait à une personne normale, ils n’auraient rien dit », a-t-il ajouté.

Alors que le conseil municipal de Barcelone, contacté par des internautes, commençait à s’intéresser de près à l’affaire, ReSet s’est, pour la première fois, excusé sur sa chaîne YouTube, reconnaissant qu’il avait été « immature ». Il a ensuite tenté de revenir une troisième fois auprès de Gheorghe L. Accompagné d’un ami, il avait l’intention de passer la nuit avec l’ancien homme d’église. Ce dernier a déclaré à la justice, selon le document judiciaire consulté par El Pais, que ReSet lui aurait proposé 300 euros en échange de son silence.

Des poursuites pour violation de l’intégrité morale

Durant cette troisième tentative, un témoin, reconnaissant le youtubeur au cœur de la controverse, a appelé la police municipale de Barcelone, qui est intervenue. Les officiers ont ensuite transmis un rapport au sujet de ReSet au bureau du procureur, qui s’est finalement saisi de l’affaire.

Celui-ci requiert aujourd’hui deux ans de prison et une amende de 30 000 euros contre le youtubeur, pour violation du respect de l’intégrité morale. Le conseil municipal de Barcelone, quant à lui, s’est constitué partie civile, considérant qu’il s’agissait d’une « forme grave de harcèlement, qui mériterait d’aller jusqu’au procès ».

Kanghua Ren, toujours selon El Pais, a été libéré sous caution moyennant 2 000 euros – soit à peu près ce qu’il avait gagné avec sa première vidéo canular. Il a l’interdiction de quitter l’Espagne.

Le youtubeur est un habitué des canulars plus ou moins polémiques, qui font partie de la marque de fabrique de sa chaîne. Il publie aussi, depuis quelques semaines, des vidéos où il se met en scène en jouant à Fortnite, le jeu vidéo le plus populaire du moment.