Le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim, lors des réunions de printemps de la BM et du Fonds monétaire international à Washington. / Jose Luis Magana / AP

Un revirement des Etats-Unis, qui étaient jusqu’à présent opposés à une augmentation du financement des pays les plus pauvres, a changé la donne. Les pays membres de la Banque mondiale ont ainsi approuvé, samedi 21 avril, un accroissement de capital de 13 milliards de dollars (10, 5 milliards d’euros). Au terme des réunions de printemps avec le Fonds monétaire international (FMI) à Washington, le Comité de développement, qui regroupe les membres de l’institution, s’est « félicité » de l’approbation de cette mesure défendue depuis plus d’une année par le président Jim Yong Kim, pour faire face à la concurrence de nouveaux acteurs du développement.

Le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, dont le pays est le principal actionnaire de la Banque mondiale et dont le feu vert est nécessaire pour toute décision, a apporté le soutien de son pays à l’augmentation de capital, saluant une mesure qui « permettra d’orienter les prêts vers les clients les plus pauvres ». En octobre, lors de la réunion annuelle de l’institution à Washington, le ministre des finances américain avait pourtant écarté fermement cette augmentation, exigeant « un changement important dans l’attribution des financements afin de soutenir des pays qui ont le plus besoin de financer leur développement ».

Steven Mnuchin s’était alors plaint que la banque ait encore des programmes avec la Chine, la deuxième économie mondiale, estimant qu’elle ne devait plus bénéficier du soutien financier de la Banque mondiale.

Des concessions faites pour les Etats-Unis

L’administration Trump a manifestement obtenu des concessions. Dans son communiqué, le Comité de développement s’est engagé à ce que « les ressources de la Banque mondiale soient orientées vers les régions qui ont le plus besoin de financements », comme l’exigeait Washington. En outre, il a aussi accepté que les budgets et les salaires de la direction de l’institution soient « examinés par les organes compétents afin de définir éventuellement des mesures additionnelles de réduction des coûts », une décision qui devrait ravir M. Mnuchin qui avait déjà souhaité à l’automne un meilleur contrôle des dépenses.

Le vice-ministre des finances chinois Guangyao Zhu s’est également félicité de cette augmentation. « Des fondements solides sont une garantie importante pour que la Banque mondiale (…) atteigne ses propres objectifs de développement », a-t-il expliqué devant le Comité de développement. « Cette augmentation de capital est une mesure fondamentale pour que la Banque mondiale devienne plus grande, mais aussi une décision concrète de soutien au multilatéralisme », a-t-il réagi, dans une allusion à peine voilée aux tensions commerciales actuelles entre Washington et Pékin.

Le ministre français des finances, Bruno Le Maire, a également salué cette décision : « Cela prouve que, au moins sur certains aspects, l’approche multilatérale fonctionne », a-t-il affirmé, en référence à l’unilatéralisme américain sur les sujets commerciaux. Avec cette augmentation de capital, la France demande à la Banque mondiale « une plus grande implication dans les projets de lutte contre les changements climatiques » et un soutien aux pays les plus pauvres, notamment dans la région du Sahel.

Pendant l’année fiscale 2016-2017, qui s’est terminée en juin, les prêts de la Banque mondiale ont atteint 58,8 milliards de dollars. L’année précédente, ils s’étaient élevés à 61,3 milliards.