Julian Alaphilippe dans la roue d’Alejandro Valverde, lors de Liège-Bastogne-Liège, le 22 avril 2018. / ERIC LALMAND / AFP

Julian Alaphilippe est un garçon déconcertant. Mercredi, l’Auvergnat tirait une gueule d’enterrement au moment de franchir la ligne d’arrivée en vainqueur sur la Flèche Wallonne, persuadé d’avoir échoué derrière Vincenzo Nibali. Maudite oreillette... Quatre jours plus tard, le Français levait les bras au ciel après sa 4e place sur cette 104e édition de Liège-Bastogne-Liège dont il était le favori. Alaphilippe avait surtout le bonheur collectif et célébrait la victoire de son coéquipier de chez Quick-Step, le Luxembourgeois Bob Jungels.

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Alaphilippe connaît la régle du jeu. Chez Quick-Step, un leader est parfois appelé à sacrifier ses ambitions personnelles si l’un des ses coéquipiers se retrouve mieux placé que lui. Au départ de Liège, Bob Jungels était l’option numéro trois de l’équipe de Patrick Lefefevre derrière Alaphilippe et un Philippe Gilbert sur ses routes d’entraînement. Dans un premier temps, l’équipe belge a cherché à favoriser les ambitions de son Français en menant un train soutenu pour le déposer au pied de la montée d’Ans où il n’aurait plus qu’à faire parler son punch.

Et puis Jungels a contré une attaque franche du Colombien Sergio Henao au sommet de la cote de la Roche aux Faucons. « Julian était le leader après ce qu’il a fait mercredi, j’ai essayé d’anticiper, de partir à l’avant pour le mettre en bonne position et personne n’est revenu », a expliqué le champion du Luxembourg.

Avec encore 20km à parcourir, Jungels partait en éclaireur et Alaphilippe jouait les chiens de garde, contrôlant les différentes attaques d’Alejandro Valverde et Dan Martin. La situation était idéale pour lui en cas de regroupement. Sauf que le Luxembourgeois n’est pas le dernier des rouleurs et creusait un écart conséquent, jusqu’à 50 secondes au pied de la côte de Saint-Nicolas, à 5 km de l’arrivée.

« Le pacte des loups »

Jungels a bien un peu calé dans la montée de Saint-Nicolas, mais pas assez pour permettre le retour du Belge Jelle Vandendert. Alaphilippe filtrait alors les différentes attaques, laissant ainsi filer le Canadien Michael Woods et un excellent Romain Bardet. Le vainqueur de la Flèche Wallonne était peut-être le plus fort, en atteste son démarrage foudroyant pour prendre la 4e place derrière Woods et Bardet, 39 secondes après l’arrivée de Jungels.

Julian Alaphilippe n’avait pas le début d’un regret à l’arrivée et saluer la victoire de son équipier.

« Je suis très heureux que Bob gagne aujourd’hui. On s’est retrouvé deux dans le final et on a réussit à jouer avec nos adversaires. Quand il a attaqué c’était exactement le bon moment, après il fallait avoir les jambes pour aller au bout ».

« Je n’y ai pas cru jusqu’au moment où j’ai franchi la ligne », a commenté le coureur de 25 ans déjà 6e et 8e du Giro et qui abordera le prochain Tour de France dans la peau du leader de la Quick-Step. A l’arrivée, Julian Alaphilippe est tombé dans les bras de son coéquipier. Sur son compte Twitter, la Quick-Step saluait l’état cet état d’esprit sous le hashtage #theWolpack.

Mais que vient faire ce « pacte des loups » derrière cette insolente réussite (27 victoires depuis le début de la saison) ? « Cela a commencé comme une blague mais c’est devenu de plus en plus sérieux » , racontait Patrick Lefevere pour le site de RTBF. « On sait que les loups chassent toujours en groupe, poursuivait le Français Florian Sénéchal, transfuge de chez Cofidis en début de saison. Leur force c’est leur collectif. Chez nous c’est pareil, notre force première c’est notre collectif. On gagne toujours de cette façon-là, on roule toujours de cette façon-là. C’est notre devise : toujours être ensemble et gagner en collectif. »

Et vendre ensemble aussi. Quick-Step vient de lancer une série de produits dérivés « The Wolfpack ». Julian Alaphilippe et Bob Jungels en font même la promotion dans une vidéo. Pour l’instant, la concurrence n’a plus qu’aller se rhabiller.