Manchester City sera un adversaire difficile pour l’Olympique lyonnais en Ligue des champions. / CRAIG BROUGH / Action Images via Reuters

Et si après avoir mis fin à la suprématie des clubs allemands, l’Olympique lyonnais féminin tombait sous les assauts des clubs anglais ? Vainqueur des deux dernières éditions de la Ligue des champions, l’OL devra potentiellement battre deux d’entre eux pour conserver son titre.

Dimanche 22 avril, les Lyonnaises disputent leur demi-finale aller à Manchester, face à City. La saison dernière, la même confrontation avait tourné à l’avantage du club français, qui s’était imposé 3-1 avant de s’incliner 1-0, sans conséquence, au retour. Si Lyon passe l’obstacle mancunien, il pourrait retrouver un autre club anglais en finale puisque l’autre demi-finale oppose Chelsea à Wolfsburg.

Au palmarès de la compétition, née lors de la saison 2001-2002, les clubs anglais sont pour le moment toujours loin de leurs homologues allemands (neuf titres) ou français (quatre titres pour l’OL) et sont même devancés par les clubs suédois (deux victoires). Seule la section féminine d’Arsenal a remporté le trophée en 2007. Néanmoins, sur les sept dernières éditions, quatre clubs anglais ont atteint au moins une fois les demi-finales : Birmingham (2014), Arsenal (2012 et 2013), Manchester City (2017 et 2018), Chelsea (2018).

Des droits télé de Premier League reversés aux clubs féminins ?

Cette tranquille montée en puissance coïncide avec la création de la Women’s super league en 2011. Inspirée du système professionnel aux États-Unis, eldorado du football féminin, la refonte du championnat a entraîné un regain d’intérêt de la part du public et des investisseurs. « Après un passage à vide, la Fédération anglaise et les clubs se sont remis en question. Ils ont beaucoup observé ce qui fonctionnait aux États-Unis mais aussi en Allemagne et en France, explique l’ex-internationale française Sonia Bompastor, Ils ont mis en place une ligue avec huit clubs, puis dix. Ils sont essentiellement professionnels. Cela permet de conserver leurs meilleures joueuses en les répartissant dans les trois ou quatre meilleurs clubs. »

La plupart des formations de la nouvelle Women’s super league sont des émanations de clubs de Premier league, le championnat le plus riche au monde. Preuve de l’ambition anglaise, une partie des droits télé faramineux de la Premier league pourrait être reversée pour développer et accélérer le football féminin en Angleterre. Elle sera certainement infime mais largement suffisante pour constituer des équipes compétitives. En retard sur son temps, Manchester United a annoncé récemment son intention de créer son équipe féminine. « Chelsea, Arsenal, City et bientôt United, si ces clubs puissants chez les hommes utilisent leur savoir faire et investissent, ça peut devenir de redoutables rivaux », prédit Sonia Bompastor, directrice du centre de formation de l’OL féminin.

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Il n’y a pas que le football de clubs qui progresse : la sélection anglaise est en plein renouveau. Finaliste du premier Euro en 1984, l’Angleterre s’est hissé en demi-finale du Mondial 2015 et de l’Euro 2017. Lors de ce tournoi remporté par les Pays-Bas, les Anglaises ont éliminé la France en quart. Elles sont désormais classées à la deuxième place du classement FIFA, derrière les États-Unis mais devant l’Allemagne, le Canada et la France.

Une Anglaise chipée par l’OL

Internationale entre 1994 et 2007, Marinette Pichon a souvent affronté les footballeuses anglaises : « Elles nous posaient déjà des problèmes, notamment dans le secteur athlétique. C’était des oppositions intéressantes. Je me souviens par exemple de Kelly Smith, championne d’Europe avec Arsenal, avec qui j’avais joué aux États-Unis. » La meilleure buteuse de l’histoire des Bleues (81 buts) n’a donc pas été surprise par le parcours de l’équipe d’Angleterre lors du dernier Euro. « Leur entame avait été impressionnante avec six buts inscrits contre l’Écosse. Il y avait une vraie facilité, avec des talents dans chaque ligne comme Jodie Taylor en attaque, Jordan Nobbs au milieu ou Lucy Bronze en défense », précise-t-elle.

La latérale anglaise, ex-joueuse de City, a tellement impressionné que l’OL de Jean-Michel Aulas l’a recrutée à l’intersaison. Une preuve que Lyon continue pour le moment de régner sur le football féminin. « C’est à nous de rester sportivement attractif. Il y a deux ans, Wendie Renard (capitaine de l’OL et ex capitaine des Bleues) était en contact très avancé avec Chelsea. L’OL avait réussi à la conserver et même à la resigner », affirme Sonia Bompastor pour qui Lyon « possède encore une petite marge ».

Ultra-dominatrices en France, où elles ont remporté les onze derniers championnats et les six dernières coupes, les Lyonnaises sont en passe de remporter un douzième titre puisqu’elles survolent encore la Division 1 avec 18 victoires en 18 matches, 88 buts marqués et seulement 4 encaissés.

En Ligue des champions au tour précédent, les joueuses de l’ancien Nantais Reynald Pedros, nouvel entraîneur, ont pourtant éprouvé quelques difficultés. « Je pense que cela ne sera pas si évident que ça contre City, avertit Marinette Pichon. Lyon a eu du mal à trouver la faille face au FC Barcelone (2-1, 1-0). On n’a pas vu une équipe aussi facile que d’habitude. » A Lyon de résister aux ambitions anglaises.