Teddy Thomas après l’un de ses deux essais, le 22 avril, à Bordeaux. / NICOLAS TUCAT / AFP

Teddy Thomas porte des chaussures orange fluo. Teddy Thomas se coiffe de dreadlocks. Teddy Thomas, surtout, est un excellent joueur de rugby. L’homme au double « T » l’a rappelé au moment opportun : sa performance haut de gamme vient d’envoyer le Racing 92 en finale de la Coupe d’Europe après cette victoire (27-22) en demies, dimanche 22 avril à Bordeaux, sur les Irlandais du Munster.

Il fallait le voir, jubilant après l’un de ses deux essais, envoyer le ballon au public ! Sur le terrain, l’ailier droit « racingman » a procédé dans son style caractéristique : à toute allure. D’abord deux essais (6e et 18e minutes), sur deux services inspirés de Virimi Vakatawa. Ensuite une passe décisive vers Maxime Machenaud (22e), conclusion d’une nouvelle percée décisive. Score à la mi-temps : 24-3. Match plié.

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Ce sens du crochet, ce sens de la course en bout de ligne, l’international français avait eu peu l’occasion de l’exprimer cette saison en Coupe d’Europe : à peine un petit essai en cinq matchs jusque-là.

La performance du n°14 confirme son potentiel et, surtout, son retour au premier plan. Elle succède à une autre bonne nouvelle : mi-avril, le joueur a appris qu’il réintégrerait le XV de France lors du mini-stage prévu du 7 au 9 mai en vue de la tournée de juin en Nouvelle-Zélande.

Soirée d’Edimbourg

Le « fêtard » d’Edimbourg revient d’une longue gueule de bois, lui qui a loupé les trois derniers matchs du Tournoi des six nations avec le XV de France. En février, le sélectionneur Jacques Brunel le suspendait à titre provisoire pour avoir trop arrosé la défaite en Ecosse, avec sept autres coéquipiers.

Une soirée chaotique : au lendemain de ce dimanche 11 février, la police écossaise auditionnait Teddy Thomas et six coéquipiers comme témoins potentiels après le signalement d’une plainte pour « agression sexuelle ». Les agents écossais ont finalement conclu qu’« aucun crime » n’avait « été commis » cette nuit-là. Sans pour autant lever le mystère sur le déroulé de la soirée.

Teddy Thomas, 24 ans, s’était jusque-là imposé cette année comme l’élément clé du XV de France : un essai lors de la courte défaite contre l’Irlande, puis deux autres contre les Ecossais.

Au Racing aussi, cette soirée écossaise a tiré à conséquence. Dans la foulée, le club des Hauts-de-Seine infligeait à son joueur une simple sanction financière… sans pour autant le retirer de son effectif.

« Il a montré tout son talent »

On aurait volontiers interrogé aujourd’hui l’ex-Biarrot sur son retour en force. Peine perdue. Insaisissable sur le terrain de Bordeaux, Teddy Thomas a ensuite disparu sans passer par la zone des médias, à la sortie du stade Chaban-Delmas.

Son coéquipier Yannick Nyanga parle pour lui : « Le rôle d’un ailier est de conclure les situations créées par l’équipe. Teddy l’a bien fait aujourd’hui, il a montré tout son talent. » Le troisième-ligne, du haut de son expérience, rappelle l’importance du collectif : « Dès que Teddy a reçu moins de ballons, on l’a moins vu en seconde période ».

Malgré une fin de match plus discrète, Laurent Labit retient cet après-midi les débuts tonitruants de son ailier : « Quand il est comme ça, il est difficilement arrêtable. On en redemande tous les week-ends. » Manière, aussi, d’inviter le vif-argent à davantage de régularité. Dans une semaine, le n°14 reviendra en Gironde, cette fois pour y affronter l’Union Bordeaux-Bègles en championnat.

Avant d’aller encore plus au Sud, direction Bilbao et l’Espagne, quêter un titre historique en Coupe d’Europe : c’est en effet la ville basque qui accueillera la finale de la compétition face à d’autres Irlandais, ceux du Leinster, le 12 mai, deux ans après celle perdue contre les Saracens. Ce jour-là, Thomas avait regardé le match des tribunes en raison d’une blessure aux ischio-jambiers.