Jean-Claude Mailly a passé quatorze ans comme secrétaire général de Force ouvrière. / THOMAS SAMSON / AFP

Que restera-t-il de l’ère Mailly à Force ouvrière ? Le secrétaire général de la fédération, Jean-Claude Mailly, qui quittera vendredi la tête du troisième syndicat de France après quatorze années de mandat, a donné lundi 23 avril l’un de ses derniers discours. Et est monté au créneau pour défendre son bilan.

Devant une base déchirée entre partisans d’une ligne radicale et réformistes, Jean Claude Mailly a présenté son rapport d’activité au 24e congrès de FO à Lille. C’est au terme de ce rassemblement que le secrétaire général laissera sa place à Pascal Pavageau, unique candidat à sa succession.

« Nous avons fait bouger des lignes »

Jean Claude Mailly a expliqué que le chantier des ordonnances, qui a permis au gouvernement de modifier rapidement le code du travail, a été mené alors qu’Emmanuel Macron avait « accepté les conditions que nous lui avions imposées en termes de méthode, à savoir d’étendre le calendrier. Pourquoi ne serions-nous pas allés discuter et fait avancer nos positions ? ».

« Tout le travail qui a été fait sur la période des ordonnances l’a été avec l’unanimité du bureau confédéral. Je peux comprendre que certains camarades dans l’organisation aient pu être déstabilisés (…) et que cela ait pu générer des incompréhensions. Mais nous considérons que notre comportement a été le plus efficace dans un contexte donné. (…) J’ai toujours dit que cela n’était ni satisfaisant ni équilibré. Mais nous avons fait bouger des lignes. »

« Etat de délabrement »

Un argumentaire qui peine à convaincre la base de Force ouvrière, fortement divisée. Beaucoup reprochent à Jean-Claude Mailly de ne pas avoir pris part aux manifestations contre les ordonnances visant à modifier le code du travail. Le syndicat s’est joint officiellement à la CGT pour une journée d’action le 16 novembre, une fois que les ordonnances avaient été publiées au Journal officiel. Or, la CGT avait déjà mené trois journées de mobilisation de septembre à novembre auxquelles certaines unions départementales de FO et fédérations avaient pris part de leur chef.

« Camarades, je n’ai jamais vécu une période comme celle-ci (…). Nous n’avons jamais été à cet état de délabrement au niveau de l’image (…) de la confédération », a déclaré Marc Aubert, du Service départemental d’action sociale (SDAS) 29. Lui a même appelé à ne pas voter le rapport d’activité du secrétaire général. « Une rupture est intervenue entre le combat contre la loi El Khomri et les débats sur ses ordonnances qui en sont pourtant le prolongement, a déclaré pour sa part Pascale Maset, de SNICA-FO 14. Nous devons combattre les contre-réformes destructrices des droits sociaux (…) y compris par la grève si nécessaire. »

« Du bon boulot »

A l’opposé, certains délégués sont montés sur l’estrade pour défendre le bilan de leur secrétaire général. « Mes camarades, Jean-Claude et son équipe ont fait du bon boulot et heureusement qu’ils étaient là pour les ordonnances », a déclaré Jean-Jacques Leleu, de l’Union départementale 80.

Jean-Claude Mailly avait prévenu dans les médias que le congrès serait « rock’n’roll ». Il appelle cependant à l’unité dans ces « périodes difficiles ». « Tout simplement parce que désunis, on est affaiblis, désunis, on ne se développe pas, a-t-il précisé. Il y a un cap et pour y arriver, il y a un itinéraire qui doit parfois changer, selon la météo, (…) mais le plus important, c’est de garder le cap et de savoir s’adapter au contexte. »