Deux personnes ont été interpellées et placées en garde à vue dans les Hautes-Alpes après avoir pris part, dimanche après-midi, à l’entrée en France d’une trentaine de migrants venant d’Italie, a-t-on appris, lundi 23 avril, de sources concordantes.

Cette action a elle-même été organisée après que des militants d’extrême droite de Génération identitaire eurent bloqué, de samedi à dimanche matin, le col de l’Echelle, situé à six kilomètres de la frontière et qu’ils considèrent comme un « point stratégique de passage des clandestins ». Ils y avaient matérialisé une « frontière symbolique » avec du grillage de chantier et déployé une banderole à flanc de montagne, relayant le message en anglais : « no way » (accès fermé).

Selon une source proche de l’enquête, les deux hommes arrêtés, dont un ressortissant étranger, « ont participé activement aux débordements survenus au col de Montgenèvre », quand une centaine de militants français et italiens ont franchi, dimanche, la frontière avec quelque trente migrants. Empruntant les pistes de la station de ski de Montgenèvre, militants et migrants se sont brièvement heurtés aux forces de l’ordre, avant de rejoindre Briançon par la route, encadrés par la gendarmerie.

Le parquet de Gap a confirmé « plusieurs interpellations », en précisant que les mis en cause étaient en garde à vue pour « aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière sur le territoire national et en bande organisée ».

« Actions inacceptables »

Dimanche, le ministre de l’intérieur a renvoyé dos à dos « ultra-droite » et « ultra-gauche » pour leurs « actions inacceptables », quelques heures avant l’adoption du projet de loi asile-immigration à l’Assemblée au terme de sept jours de débats passionnés. Gérard Collomb a également annoncé l’envoi de renforts pour faire respecter le contrôle des frontières dans les Hautes-Alpes.

Lundi, le calme était revenu dans les rues de Briançon où circulaient quelques gendarmes mobiles, selon un correspondant de l’AFP. « Pour nous, l’enjeu doit rester le respect des droits fondamentaux des migrants, dont les demandeurs d’asile. Et les pratiques des associations comme de la population doivent rester la fraternité, non la violence », a déclaré Michel Rousseau, trésorier de l’association Tous migrants. « Les manifestations, ça nous inquiète. Ça nous fait peur », a confié, pour sa part, Mamoud, accueilli au Refuge solidaire à Briançon, entré en France par le col de l’Echelle, le 7 avril avec « une dizaine de garçons ».

Depuis un an, les Hautes-Alpes connaissent un afflux exponentiel de migrants, essentiellement d’Afrique de l’Ouest. Selon la préfecture, 315 personnes en situation irrégulière ont été refoulées vers l’Italie en 2016 et 1 900 en 2017.