La Russie est accusée d’avoir utilisé l’antivirus Kaspersky pour espionner la NSA américaine. / QUENTIN HUGON / LE MONDE

Twitter aurait pris en janvier la décision de ne plus relayer les publicités de l’entreprise de sécurité informatique Kaspersky Lab, célèbre pour ses antivirus. En cause, selon un courrier reçu à ce moment-là par l’entreprise russe : le modèle économique de Kaspersky Lab, qui contreviendrait aux pratiques commerciales de Twitter Ads.

C’est, dans une lettre ouverte, ce qu’a, en tout cas, déclaré vendredi 20 avril Eugene Kaspersky, le fondateur et PDG de l’entreprise, qui se défend d’opérer différemment de ses concurrents.

« Notre modèle économique est le même que celui de toute l’industrie de la cybersécurité, s’est défendu M. Kaspersky. Nous proposons des produits et des services aux utilisateurs, qui nous payent pour cela. (…) Nous vendons des protections contre les menaces en ligne, et c’est tout. Nous ne contrevenons pas aux pratiques publicitaires de Twitter ! »

M. Kaspersky demande aujourd’hui une explication officielle de Twitter : selon lui, un courrier envoyé en février, et dans lequel la division britannique de Kaspersky demandait à Twitter de justifier voire de revenir sur sa décision, n’aurait reçu pour seule réponse que le même courrier « passe-partout » déjà reçu en janvier.

Selon M. Kaspersky, sa société avait dépensé 75 000 euros en publicité sur Twitter en 2017 : une somme qu’Eugene Kaspersky s’engage à verser, à la place, à l’Electronic Frontier Foundation, une ONG de protection des libertés sur Internet.

Kaspersky accusé de collaborer avec le renseignement russe

Interrogé par le site Cyberscoop, Twitter justifie sa décision en renvoyant vers l’avis du ministère américain de la sécurité intérieure. Le 13 septembre 2017, celui-ci ordonnait aux agences fédérales de désinstaller les logiciels de Kaspersky de leurs réseaux, au titre qu’il existerait des liens entre « certains dirigeants de Kaspersky et l’espionnage russe ».

En octobre de la même année, la presse américaine révélait que, dès 2015, les services de renseignement israéliens avaient découvert des preuves de l’utilisation de l’antivirus de Kaspersky par les Russes pour rechercher des documents appartenant à la NSA, l’agence de renseignement américaine.

Les autorités américaines accusent régulièrement et plus ou moins ouvertement l’éditeur de collaborer, de plein gré ou sous la contrainte, avec les services russes, ou d’avoir été infiltré par des agents russes. Kaspersky a, de son côté, toujours nié toute collaboration avec le gouvernement russe et tout autre gouvernement dans des opérations d’espionnage.