Série sur Canal+ à 21 heures

Versailles | Season 3 (Trailer #3) [FR]
Durée : 00:24

La saison 2 de Versailles avait trouvé une densité soudaine grâce à la présence du personnage de femme malfaisante joué par la formidable ­actrice canadienne Suzanne Clément. Sa noirceur tranchait avec le clinquant pour le moins superficiel de cette série franco-canadienne « internationale » – c’est-à-dire à gros budget, à grosses ­ficelles et tournée en anglais (avec la ridicule prononciation des noms français, déjà dénoncée).

Malgré d’autres noirceurs – en particulier l’évocation de la terrible persécution des protestants –, Versailles se noie à nouveau dans le luxe et les ors éclairés à la bougie (on est tout de même très loin des scènes de Barry Lyndon, de Stanley Kubrick), dans de fréquentes scènes de troussage, le tout plombé par un scénario où les invraisemblances historiques sont légion.

Le plus ridicule, dans ce récit qui trace son chemin sur une longue période, est sans doute le fait que Louis XIV demeure tout du long jeune et fringant, la fesse (parfois montrée) toujours ferme. Lorsque la reine Marie-Thérèse meurt, en 1683, le roi, 45 ans – ce qui n’est pas jeune à l’époque –, n’a en réalité plus de cheveux depuis belle lurette. Pourtant, lorsqu’il couche avec sa maîtresse Madame de Maintenon alors qu’on maquille les lèvres de sa défunte épouse pour les funérailles – simultanéité grotesquement osée et tournée sur le mode Cinquante nuances de Grey –, Louis a toujours l’air d’un jeune dévergondé irrésistible.

Fausses notes

Davantage d’attention a été prêtée à la musique cette fois-ci, ce qui n’a pas empêché quelques approximations historiques là encore. Certes, Marc-Antoine Charpentier fut un compositeur adoré du roi, mais jamais il ne fut à son service direct. On entend pourtant, à l’occasion des obsèques de la reine, une messe de son cru – écrite après cette date – alors qu’il existe une œuvre de Charpentier en hommage à Marie-Thérèse, composée cette année-là à Paris – mais qui n’a probablement jamais été jouée lors des nombreuses cérémonies de funérailles. On nous dira que l’on chipote. Mais tout cela témoigne d’un laisser-aller regrettable, qui affecte bien d’autres aspects de Versailles. Si elle ne manque ni d’allure épique ni de suspense, cette série trompeusement historique fait décidément fi de toute finesse.

Versailles (saison 3), série créée par Simon Mirren et David Wolstencroft. Avec George Blagden, Alexander Vlahos. (France-Canada, 2018, 10 x 52 min).