A l’usine Thélios, à Longarone (Vénétie) mardi 24 avril. / MIGUEL MEDINA / AFP

LVMH a inauguré, mardi 24 avril, sa première usine de fabrication de lunettes de soleil à Longarone, dans la province de Belluno, en Vénétie. Monté en un an de temps, ce site de 8 000 m² est né de la création de Thélios, joint-venture montée avec l’italien Marcolin, numéro trois mondial de la lunetterie.

Un an après avoir inauguré une usine Bulgari, à Valenza, dans le Piémont, le groupe français aux 42,6 milliards d’euros poursuit ainsi ses investissements en Italie, en se dotant d’un 23site de production dans le pays. « Sur les cinq dernières années, LVMH a investi 600 millions d’euros en Italie et multiplié par deux ses effectifs, les portant à 9 500 personnes », a fait valoir Antonio Belloni, directeur général délégué du groupe LVMH, lors d’une conférence de presse.

L’usine de Longarone emploie aujourd’hui 245 salariés. Elle pourrait être agrandie de « 10 000 m² supplémentaires, pour porter sa capacité de production à 4 millions de paires par an [contre 1 million aujourd’hui] », a précisé Giovanni Zoppas, PDG de Thélios.

« Une paire est devenue un accessoire de mode »

Le numéro un mondial du luxe veut aller vite. Il le faut. Evalué à 90 milliards d’euros, le marché des lunettes est bousculé par de nouveaux comportements d’achat fort prometteurs. « Une paire est devenue un accessoire de mode », observe Jean-Baptiste Voisin, directeur de la stratégie du groupe. C’est notamment le cas sur le segment des lunettes de soleil de luxe, dont les ventes sont évaluées à 13 milliards d’euros dans le monde.

Les perspectives du marché sont jugées alléchantes. Pour les plus jeunes consommateurs, s’acheter une paire Dior ou Gucci est souvent leur premier achat de produit de luxe. « Tout comme l’est l’achat d’un rouge-à-lèvres », estime M. Voisin. Et les populations asiatiques, qui, pour l’heure, se protègent des rayons ultraviolets à l’aide d’ombrelles et de visières, restent à convertir au port des lunettes solaires, fussent-elles vendues à plus de 300 euros.

Production en interne

Dès lors, tous les groupes de luxe revoient leur mode de fabrication, en abandonnant les contrats de licences qu’ils accordaient à des fabricants, pour leur préférer une production en interne, répondre à la demande, contrôler la distribution et s’accorder ainsi des marges plus confortables. En 2014, Kering, rival de LVMH, avait donné le la, en créant sa filiale Kering Eyewear à Padoue en Vénétie. Elle est aujourd’hui chargée de la fabrication des modèles d’une quinzaine de marques.

L’usine de LVMH et Marcolin devrait probablement produire, à terme, les collections Dior, Fendi et Marc Jacobs, dont les licences accordées à l’italien Safilo arrivent à échéance respectivement d’ici à 2020, 2021 et 2024. Les lignes de production sont, pour l’heure, consacrées à Céline, avant Fred, à la fin de 2018, et Loewe, en 2019.