« 68. Les jours qui ébranlèrent la France », hors-série du « Monde », 100 pages, 8,50 euros, en vente en kiosques et sur boutique.lemonde.fr

Cinquante ans ont passé. Pourtant, Mai 68 demeure un des événements politiques qui ont le plus marqué les Français. Un récent sondage du Nouveau Magazine littéraire révèle même que 79 % des personnes interrogées, toutes obédiences politiques confondues, trouvent son héritage positif.

Que s’est-il exactement passé en ce joli mois pour avoir autant marqué l’inconscient collectif ? Une insurrection d’une jeunesse en mal d’utopie et d’espérance ? Un soulèvement de salariés contre un travail abrutissant et une société figée par un pouvoir vieillissant ? Une aspiration hédoniste à mettre un zeste de plaisir dans la grisaille du quotidien ? Une revendication démocratique pour que chacun puisse prendre la parole et être écouté ? Un besoin de romantisme et de partage ? Une « illusion lyrique », comme l’a dit Raymond Aron ? Une révolution qui ne voulait pas prendre le pouvoir ? Sans doute, tout cela à la fois. Et encore plus.

Un monde en ébullition

Il ne faut pas oublier qu’en 1968 le monde était en ébullition. Du Vietnam au Japon, en passant par l’Allemagne, l’Italie, la Tchécoslovaquie, le Brésil, les Etats-Unis, le Mexique, une effervescence généralisée régnait. Mais il n’y a qu’en France qu’elle dépassa la seule jeunesse révoltée pour atteindre profondément toutes les strates de la société. Comme si d’un seul coup tout devenait possible dans un univers qui semblait jusque-là si clos.

Le 20 mai 1968, Jean-Paul Sartre rencontre Daniel Cohn-Bendit pour Le Nouvel Observateur. Il lui tient ces propos qui éclairent d’une singulière lueur l’« énigme de 68 » : « Ce qu’il y a d’intéressant dans votre action, c’est qu’elle met l’imagination au pouvoir. Vous avez une imagination limitée comme tout le monde, mais vous avez beaucoup plus d’idées que vos aînés (…). Quelque chose est sorti de vous, qui étonne, qui bouscule, qui renie tout ce qui a fait de notre société ce qu’elle est aujourd’hui. C’est ce que j’appellerai l’extension du champ des possibles. N’y renoncez pas. »

L’histoire n’est jamais finie

En quelques phrases, le philosophe mettait le doigt sur ce qui est sans doute le principal défi jeté par Mai 68. L’extension du champ des possibles. C’est-à-dire que l’histoire n’est jamais finie, que sans cesse des brèches s’ouvrent. Ironie de l’Histoire, en mai 1968, on pouvait lire à l’entrée de la faculté de Censier : « Nous sommes en marche… » Déjà.

Dans un de ses hors-séries, cinquante après, Le Monde revient sur ces deux mois qui ébranlèrent la France, avec des analyses d’historiens comme Ludivine Bantigny et Benjamin Stora, des témoignages d’acteurs tels que Vaclav Havel, Henri Weber, Maurice Grimaud, Hervé Hamon, Jean-Marcel Bouguereau, mais aussi des réflexions de Raymond Aron, Edgar Morin, Herbert Marcuse, Paul Auster, Georges Marchais, Raoul Vaneigem, Jean-Pierre Le Goff, etc.

« 68. Les jours qui ébranlèrent la France », hors-série du « Monde », 100 pages, 8,50 euros, en vente en kiosque et sur Boutique.lemonde.fr