Nicaragua : manifestations meurtrières et scènes de pillage

La situation continue de se tendre au Nicaragua. Des milliers de personnes ont manifesté lundi 23 avril pour protester contre la violente répression du mouvement lancé ces derniers jours contre le projet de réforme des retraites du gouvernement. Alors que le texte a été retiré par le président Daniel Ortega, le Centre nicaraguayen des droits de l’homme a affirmé que 26 manifestants avaient été tués par les forces de l’ordre. Un policier serait également mort, selon le gouvernement.

Dans la foulée, l’Organisation des nations unies (ONU) a demandé des « enquêtes rapides, indépendantes et transparentes » sur ces victimes des manifestations, déplorant notamment de possibles « exécutions illégales ». « Il est essentiel » qu’il y ait une enquête sur « les allégations d’utilisation excessive de la force par la police et d’autres forces de sécurité », a déclaré mardi Liz Throssell, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme.

« Assassins ! »

Des milliers de personnes se sont rassemblées à Managua contre le gouvernement, lundi 23 avril. / JORGE CABRERA / REUTERS

Mardi, dans les rues de la capitale Managua, des milliers de personnes – salariés, étudiants, paysans ou entrepreneurs –, ont brandi des drapeaux blancs et bleus, aux couleurs du pays, à l’occasion d’une « marche pour la paix et le dialogue ». Des rassemblements similaires ont eu lieu à Esteli et Matagalpa.

« Assassins ! », ont crié les manifestants en passant devant les locaux de la police nationale, tandis que les noms de certaines des victimes de la récente répression étaient affichés sur des banderoles.

« Nous n’allons pas entamer un quelconque dialogue [avec le gouvernement] tant que tous les prisonniers ne sont pas libérés, tant que ne cesse la répression, et tant que les conditions ne sont pas réunies pour dialoguer », a affirmé Michael Healy, président de l’Union des producteurs agricoles du Nicaragua. L’appel à manifester avait été maintenu bien que le président Ortega ait annoncé dimanche le retrait de sa réforme des retraites.

Cette réforme prévoyait d’une part d’augmenter les contributions sociales des salariés et des employeurs afin de réduire le déficit de la Sécurité sociale, et d’autre part de réduire de 5 % le montant des pensions, comme le recommandait le Fonds monétaire international. L’annonce de ces mesures avait entraîné une révolte des étudiants qui s’était rapidement propagée au reste de la population.