Deux appels, l’un du parquet et l’autre d’un condamné, ont été interjetés contre le jugement dans le procès de la filière djihadiste de Lunel, une petite ville de l’Hérault, d’où étaient partis une vingtaine de jeunes pour la Syrie en 2013 et 2014.

Pour avoir « encouragé les départs » en Syrie ou être partis eux-mêmes, quatre hommes ont été condamnés le 13 avril par le tribunal correctionnel de Paris à des peines de cinq à sept ans de prison. Un cinquième prévenu, Saad Belfilalia, poursuivi pour avoir accompagné sa belle-sœur à l’aéroport alors qu’elle repartait en Syrie et lui avoir transmis 190 euros, avait, lui, été relaxé.

Interrogé mardi 24 avril par l’Agence France-Presse, le parquet a déclaré avoir interjeté appel de cette relaxe. Une peine de quatre ans de prison, dont deux avec sursis et mise à l’épreuve, avait été requise contre lui.

Un seul condamné a fait appel

Sur les quatre condamnés, un seul a fait appel : Ali Abdoumi, 47 ans, condamné à sept ans de prison avec deux tiers de sûreté. Il était accusé d’être un « revenant » de Syrie, mais, durant le procès, il a nié ces accusations, affirmant n’être allé qu’en Turquie. Devant les dénégations persistantes de cet homme, qui était alors éloigné de l’islam radical mais en conflit avec l’administration française, le tribunal s’est interrogé sur « son devenir et sa dangerosité ».

Le procès, qui a duré cinq jours début avril, s’est déroulé en l’absence de la plupart des jeunes de la ville partis en Syrie : une dizaine de personnes sont présumées mortes, sur une quinzaine toujours visés par des mandats d’arrêt.

Au cours du procès s’étaient esquissés des éléments d’explication à cette « émulation djihadiste collective », comme l’avaient décrite les juges d’instruction. Les thèses de l’organisation Etat islamique (EI) avaient prospéré à Lunel sur fond de chômage massif, de sentiment de rejet chez certains enfants d’immigrés et de complaisance religieuse, la mosquée s’abstenant de condamner explicitement les départs.