Un manifestant de la SNCF lors d’un rassemblement à Toulouse le 19 avril, dans le cadre de la journée de mobilisation nationale interprofessionnelle à l’appel de la CGT et Solidaires. / PASCAL PAVANI / AFP

Si la grève à la SNCF pèse sur les nerfs des usagers et sur l’économie, elle a aussi des conséquences sur le pouvoir d’achat des cheminots et leur combativité sociale. Alors que les premiers salaires touchés par le conflit s’apprêtent à tomber sur les comptes bancaires, la mobilisation connaît un nouvel effritement. Lundi 23 avril, la direction enregistrait 17 % de grévistes à la mi-journée, contre 22 % le 19 avril et plus de 33 % le 3 avril, premier jour du mouvement.

« C’est compréhensible, la grève commence à coûter cher aux salariés », explique Rémi Aufrère-Privel, secrétaire général adjoint de la CFDT-Cheminots. Contrairement à une légende tenace, les jours de grève ne sont pas payés à la SNCF et la facture pourrait se révéler plus salée que les syndicats ne l’imaginaient. Ces derniers ont justement inventé la grève intermittente – deux jours tous les cinq jours – pour éviter un mouvement trop coûteux aux cheminots. Chaque série de deux jours de grève correspond à un préavis particulier, ce qui évite l’ajout des jours de congé dans le décompte, ce calcul pénalisant ne se déclenchant qu’au bout de trois jours de grève.

Un sujet sensible

Mais la direction a décidé que ce chapelet de jours de grève n’était qu’un seul et même préavis, ce qui renchérit la perte de salaire pour les grévistes. Toutefois, pour des raisons techniques, ce mode de calcul ne sera appliqué qu’à partir de la paye de mai. Ainsi, un agent de la SNCF payé habituellement 2 000 euros brut et qui aurait fait grève huit jours dans le mois verrait son salaire brut amputé de 533 euros, selon les syndicats, et de 675 euros, selon la direction. « La différence est énorme pour la plupart des cheminots dont les salaires sont modestes, souligne M. Aufrère-Privel, 60 % des rémunérations à la SNCF sont sous le salaire médian français (environ 1 800 euros brut). »

Sur cette question du décompte, les syndicats de la SNCF ont saisi l’inspection du travail, qui leur a donné raison. La CFDT-Cheminots compte assigner, mercredi, la SNCF en justice sur ce point. Signe que le sujet est sensible, l’autre syndicat réformiste, l’UNSA-Ferroviaire, veut aussi attaquer devant les tribunaux la décision de l’entreprise.