A l’entrée du site de Censier (université Paris-III), vendredi 20 avril. / THOMAS SAMSON / AFP

La ligne du gouvernement reste la même concernant les blocages étudiants qui se déroulent dans certaines universités depuis plusieurs semaines, contre la loi orientation et réussite des étudiants (ORE). « Chaque fois que des espaces universitaires seront confisqués par des petits groupes radicaux, chaque fois que l’organisation des examens sera ciblée, nous répondrons avec fermeté », a défendu Edouard Philippe, lors d’une déclaration à Matignon, mercredi 25 avril, à l’issue d’une rencontre avec la conférence des présidents d’université (CPU). « Nous ferons le nécessaire pour que les examens puissent se tenir dans de bonnes conditions », a insisté le premier ministre, citant les précédents à l’université de Lille, où le déroulement de certains partiels a eu lieu en présence de la police.

Mercredi matin, une intervention policière a eu lieu sur les campus de Metz et de Nancy, jusque-là bloqués. En début de semaine, c’est à Montpellier-III Paul-Valéry et Grenoble-Alpes que les forces de police ont débloqué des campus, quand ces dernières ont évacué le site de Tolbiac (Paris-I Panthéon-Sorbonne) la semaine précédente.

Alors qu’une dizaine de sites universitaires restent bloqués mercredi 25 avril — le plus souvent en partie, certains totalement, comme l’université Toulouse Jean-Jaurès — le premier ministre a pointé une « contestation profondément minoritaire » et souligné l’« entière détermination » du gouvernement à mener cette réforme du plan étudiants, dénoncée par les étudiants mobilisés comme celle de la sélection à l’entrée de la fac. La nouvelle plate-forme à l’entrée de l’enseignement supérieur, Parcoursup, sur laquelle s’appliquent les nouvelles règles à l’entrée des universités — ces dernières examinent désormais les dossiers des candidats — « entre en vigueur dans de bonnes conditions », a assuré M. Philippe.

La question sensible des moyens

Le premier ministre a également évoqué une question particulièrement sensible dans la communauté universitaire : celle des moyens financiers mis sur la table pour mener cette réforme et accueillir le « choc démographique », avec des étudiants toujours plus nombreux ces dernières années.

« Sur la base des vœux des candidats, nous accompagnerons les établissements pour créer des places », a-t-il affirmé, citant les filières de BTS et de DUT, où se sont concentrées de nombreuses demandes de lycéens, ainsi que les licences universitaires. « Nous allons dégager des moyens supplémentaires », a-t-il déclaré, pour « ajuster à la hausse les capacités d’accueil », sans pour autant préciser quelles sommes pourraient être débloquées. Il a annoncé à ce sujet qu’un travail pour « identifier les besoins en encadrement » des établissements pour la prochaine rentrée et à plus long terme, serait mené dans les deux mois qui viennent, à l’issue duquel Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, lui remettra des propositions. 19 000 places supplémentaires ont déjà été financées, a rappelé cette dernière.

Or, les moyens annoncés sont jusqu’ici jugés insuffisants par de nombreux représentants de la communauté universitaire, même parmi ceux favorables à la réforme, tels les présidents d’université : « Mettre en œuvre cette loi sans moyens nouveaux à la hauteur des enjeux et inscrits dans une perspective pluriannuelle, ce serait la condamner à l’échec », ont mis en garde soixante-trois présidents signataires d’une tribune publiée jeudi 19 avril dans Le Monde.

Alors que les besoins sont évalués par la plupart des syndicats de l’enseignement supérieur à un milliard d’euros supplémentaire par an, pendant cinq ans, le gouvernement a annoncé pour l’instant un milliard d’euros à l’échelle du quinquennat.