L’Eglise catholique devrait jouer un rôle de médiateur dans la crise qui touche les régions anglophones du Cameroun, estime le centre d’analyses géopolitiques International Crisis Group (ICG) dans un rapport paru jeudi 26 avril.

« Etant donné l’opposition de Yaoundé à toute médiation internationale, l’Eglise catholique est quasiment le seul acteur en mesure d’intervenir et de promouvoir le dialogue entre le gouvernement et les régions anglophones », écrit l’ICG dans ce document intitulé « La crise anglophone au Cameroun : comment l’Eglise catholique peut pousser au dialogue ».

« Hormis le clergé catholique, les médiateurs potentiels sont rares. Si personne ne prend cette responsabilité, le sentiment séparatiste déjà exprimé par de nombreux anglophones va continuer à progresser, ce qui va intensifier la violence et exacerber l’insurrection actuelle dans les régions anglophones, alors que des élections sont prévues en 2018 », indique le rapport.

« Positions divergentes »

Depuis trois mois, dans les deux régions anglophones du Cameroun, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, qui représentent 20 % de la population du pays, des groupes séparatistes armés multiplient les actions violentes contre des symboles de l’Etat (attaques de gendarmerie, enlèvements de fonctionnaires, accrochages avec l’armée).

Depuis fin 2017, ils ont tué 31 membres des forces de sécurité, selon une compilation de l’AFP établie sur la base des déclarations officielles. D’autres observateurs à Yaoundé évoquent un bilan plus élevé, tandis que l’ICG parle de 43 membres des forces de sécurité tués au cours des sept derniers mois. Le nombre de séparatistes ou de civils tués reste inconnu.

L’Eglise représente près d’un tiers de la population camerounaise, selon l’ICG, qui déplore les « positions divergentes » de celle-ci sur la question anglophone et l’invite à « surmonter ses divisions et afficher sa neutralité ». « Le risque que la crise anglophone au Cameroun se transforme en guerre civile s’accroît considérablement », ajoute le rapport.

En octobre 2017, le gouvernement camerounais avait accusé le centre de recherche et d’analyses basé à Bruxelles et à Washington de « déstabilisation » après un rapport dénonçant « une répression meurtrière » et un risque « d’insurrection armée » dans les régions anglophones du pays.