Francois Pérol, le 21 février 2017 à Paris. / AFP PHOTO / ERIC PIERMONT / ERIC PIERMONT / AFP

Son mandat courait jusqu’en 2020. François Pérol, le président du directoire de BPCE (Banque populaire Caisse d’épargne), démissionne de ses fonctions à la tête du groupe bancaire mutualiste, a appris jeudi 25 avril Le Monde, confirmation une information de l’hebdomadaire Challenges.

Il avait été nommé à la tête de l’ensemble mutualiste né des Banques populaires et des Caisses d’épargne en février 2009, dans la foulée de la crise financière. La nomination de M. Pérol, en urgence, avait eu lieu sur fond d’accusations de « parachutage ». Durant deux ans auparavant, M. Pérol, ancien de la banque Rothschild avait en effet été secrétaire général adjoint de l’Elysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Plus que le manque de transparence sur sa nomination — que l’opposition avait qualifiée de « fait du prince » du président Nicolas Sarkozy —, c’est le mépris des règles sur le « pantouflage » qui avait heurté.

« Prise illégale d’intérêts »

La loi française interdit à un fonctionnaire de travailler pour une entreprise qu’il a surveillée, contrôlée ou sur laquelle il a formulé des avis, s’il ne laisse pas un délai de trois ans entre son passage du public au privé. Or, François Pérol était l’un de ceux qui, de l’Elysée, avaient piloté en 2009 la fusion de la Caisse nationale des caisses d’épargne et de la Banque fédérale des banques populaires, baptisée projet « Sequana ». Sa nomination avait donc fait polémique, et une enquête pour « prise illégale d’intérêts » avait été ouverte.

De ce procès, François Pérol est sorti blanchi en 2017, malgré l’appel du parquet national financier, qui avait requis deux ans de prison avec sursis, 30 000 euros d’amende et une interdiction d’exercer toute fonction publique. Une relaxe qui avait permis à François Pérol d’être confirmé pour un second mandat de quatre ans à la tête de BPCE, à l’unanimité de son conseil de surveillance.

On ignore encore qui pourrait le remplacer à la tête du groupe, qui emploie 108 000 salariés. Au bord du gouffre en 2009, avec l’échec retentissant d’une de ses grandes filiales, Natixis, le groupe BPCE s’est restructuré et renforcé depuis. Jusqu’à être aujourd’hui, ainsi que le soulignait encore M. Pérol l’an passé, « l’un des dix premiers groupes bancaires européens, l’un des vingt premiers mondiaux (…), un groupe reconnu par [ses] clients et respecté par [ses] concurrents ».

Le départ de M. Pérol met fin à une époque pour l’ensemble mutualiste, qui n’a pas connu d’autre dirigeant depuis sa fondation. Elle a lieu également à un tournant pour BPCE, qui vient d’engager un plan stratégique à l’horizon 2020 et qui a vu en début d’année l’une de ses principales dirigeantes, Marguerite Bérard-Andrieu, partir pour rejoindre BNP Paribas.