Ronny Jackson à la Maison Blanche, le 16 janvier. / NICHOLAS KAMM / AFP

Donald Trump avait surpris en nommant le 28 mars le médecin de la Maison Blanche, Ronny Jackson, au poste de secrétaire aux anciens combattants. Ce choix semblait davantage répondre aux propos élogieux sur la santé du président, multipliés en janvier par le praticien venu de la Navy à l’occasion d’un bilan de santé de routine, qu’à une expertise reconnue en matière de gestion publique.

Le processus de confirmation au Sénat, accompagné d’un examen impitoyable des antécédents de l’impétrant, s’est révélé fatal à celui qui fut, avant Donald Trump, le médecin de Barack Obama et de George W. Bush. Autoritarisme avec ses subalternes, laxisme sur la délivrance de médicaments, soirées arrosées y compris dans le cadre de voyages officiels : l’enquête conduite par des sénateurs des deux partis a placé le médecin dans une situation impossible. Dénonçant jeudi 26 avril, dans un communiqué, « des allégations fausses » devenues une source d’embarras pour la présidence, Ronny Jackson a annoncé qu’il renonçait au poste.

La polémique, il est vrai, ne cessait de grossir. Lors de la conférence commune avec le président de la République française, Emmanuel Macron, mardi 24 avril, à la Maison Blanche, Donald Trump avait été interrogé sur son choix. Le président avait réitéré son soutien sans se montrer extrêmement combatif. « A quoi bon [se présenter], avait-il dit, pour se voir agresser par une bande de politiques qui ne pensent rien de bien de notre pays. » Après un instant de flottement, la Maison Blanche avait maintenu sa confiance, mais en vain.

Deuxième département le plus important

Avant Ronny Jackson, de nombreuses personnalités choisies par le président pour occuper des postes de premier plan, dans l’administration ou dans l’appareil judiciaire, ont déjà dû renoncer à la suite de la découverte d’antécédents accablants témoignant de nominations hâtives et de vérifications inadéquates. Cela avait été notamment le cas avec le premier candidat pour occuper le poste de secrétaire au travail, Andrew Puzder.

Loin d’être un portefeuille secondaire aux Etats-Unis, le département chargé des vétérans des guerres américaines, du Vietnam à l’Afghanistan et à l’Irak, est en effet le deuxième le plus important, après le Pentagone, avec plus de 70 milliards de budget et 280 000 fonctionnaires. Il gère un réseau de 1 200 dispensaires et 170 hôpitaux. La mauvaise prise en charge des anciens combattants, un sujet particulièrement sensible dans la société américaine, avait été à l’origine d’une des crises les plus délicates affrontées par le prédécesseur de M. Trump, Barack Obama.

L’importance des sommes en jeu alimente régulièrement des tentatives de privatisation d’une partie des activités de ce département fédéral. Le titulaire précédent du poste, David Shulkin, écarté pour des entorses à l’éthique pourtant vénielles comparées à celles qui sont reprochées à d’autres figures de l’administration, a d’ailleurs estimé que son limogeage s’expliquait en partie par son opposition à toute forme d’intrusion du secteur privé.