Série sur OCS Max à 20 h 40

THE HANDMAID'S TALE Saison 2 Nouvelle Bande Annonce (2018) La Servante Écarlate
Durée : 01:42

Impitoyable et inoubliable. Inconfortable mais aussi ­incontournable. Toujours éprouvante dans son propos, toujours magnifiquement mise en scène. Ne serait-ce qu’au vu des deux premiers épisodes de la saison 2, The Handmaid’s Tale (La Servante écarlate) se montre aussi crânement stylisée et douloureusement dystopique qu’en saison 1. Ce qui en fait une œuvre véritablement à part dans le monde des séries – même en ces temps de production pléthorique.

The Handmaid’s Tale a frappé fort, lors de sa première saison, en ancrant son propos dans la vie quotidienne de quelques femmes dont le corps a d’abord été étatisé. Les rares encore fertiles – en dépit d’un environnement pollué et stérilisant – ont été faites prisonnières par le nouveau régime dictatorial, avant que leur corps soit privatisé au bénéfice de l’une des nombreuses familles de l’establishment en mal d’enfants.

Rituel codifié et glaçant

Chaque mois, toute procréatrice potentielle est violée par le mari du couple auquel elle a été affectée, selon un rituel codifié autant que glaçant qui la voit placée entre les cuisses de l’épouse… Il en a été ainsi pour June Osborne (Elisabeth Moss), qui, remise aux Waterford, a perdu jusqu’à son nom et son identité en devenant leur esclave sexuelle. A l’image de prisonniers de camp de concentration réduits à des numéros, June, dans la nouvelle République de Gilead, se nomme dorénavant « de Fred » (Offred en anglais) : la propriété de Fred, prénom du mari du couple stérile qu’elle doit combler de bonheur.

Lancée bien avant la naissance des mouvements Metoo ou Time’s up, la première saison de La Servante écarlate évoquait déjà plus qu’une simple dystopie. Au-delà de ses qualités formelles, elle résonnait avec l’actualité, vibrante de possibles revers pour la liberté des corps et des moeurs en Occident. Cela semble encore vrai au cours de cette saison 2. Sans que jamais le propos politique ou philosophique prenne le dessus sur le récit de la vie terrifiante de femmes – et d’hommes issus de minorités – au sein d’une société qui, passée de la démocratie au totalitarisme, s’appuie sur un fondamentalisme religieux basé sur la Bible.

L’une des femmes les plus émouvantes que le régime martyrise, la belle, rebelle et rusée Ofglen, amie d’Offred, a été envoyée aux marges de la république, dans les « colonies », pour y déblayer des déchets radioactifs. Ce qui permet aux réalisateurs Mike Barker et Kari Skogland de créer un nouvel univers visuel, tout d’ocres brûlés et de bruns indistincts, aussi splendide qu’est affligeant le sort qu’on y réserve aux femmes.

Pour autant, The Handmaid’s Tale ne suinte pas que l’angoisse et le désespoir : de nombreux flash-back nous renvoient à l’époque où la République de Gilead se dénommait encore United States of America et permettait de se croire libre. Surtout, les simples lueurs de rage (de vivre), de résistance ou de résilience dans les yeux d’Offred (Elisabeth Moss, meilleure encore cette saison-ci) et d’Ofglen (formidable Alexis Bledel) apportent le minimum de lumière et d’éclairs pour, sans même prononcer un mot, permettre au spectateur de ne pas désespérer.

The Handmaid’s Tale : La Servante écarlate (saison 2). Série adaptée du roman de Margaret Atwood par Bruce Miller. Avec Elisabeth Moss, Alexis Bledel, Ann Dowd, Samira Wiley (EU, 2018, 13 × 50 min).