Elliott Murphy et Olivier Durand. / DR-PRINTEMPS-BOURGES.COM

BOURGES (Cher) - envoyé spécial

« J’ai eu envie cette année de faire un club folk. Et j’espère qu’il sera pérenne. » Avant d’annoncer « mon ami Elliott Murphy », Gérard Pont, président du Printemps de Bourges-Crédit mutuel, a présenté, jeudi 26 avril, une nouveauté du festival, des soirées folk, au sens large, avec débords vers le blues, la country, sous le chapiteau de l’Ecole de cirque. Il y en a trois cette année. Honneur inaugural à Elliott Murphy, déjà venu au festival, notamment en 1996, son premier concert avec celui qui depuis est devenu son guitariste, Olivier Durand, cocompositeur aussi (de « Come on Louann », par exemple, joué ce soir). Sont aussi attendus Nick Garrie et Hugh Coltman (vendredi 27), Adrian Crowley et Christopher Paul Stelling.

Cette soirée aura été l’un de ces moments où tout se conjugue pour que le souvenir perdure. Le lieu, îlot calme, quelques gradins, une petite scène, la proximité avec les musiciens. Le son, parfait, légèrement amplifié, pour les voix de Murphy et Durand, le rendu de leurs guitares – des modèles électro-acoustiques du luthier Taylor, avec quelques effets. Le public, en attention, enthousiaste. Murphy et Durand en intention musicienne partagée. Un regard, un sourire suffisent pour qu’une partie soliste dure plus longtemps que son cycle initial. Le jeu à deux guitares est complémentaire, en croisements, chevauchements.

La ferveur d’un public fidèle

Longs cheveux blonds-blancs, petit chapeau noir, voix un rien rauque, expressive, chaude, Elliott Murphy est né en 1949 à Rockville Centre, dans l’Etat de New York. Il habite à Paris depuis 1989. Carrière globalement discrète, suivie avec ferveur par un public fidèle, une trentaine d’albums depuis Aquashow (1973). Il en joue l’un des classiques, « Last of The Rock Stars », couplé avec « Shout », succès des Isley Brothers en 1959, que Bruce Springsteen aime régulièrement reprendre. Springsteen et Murphy, une amitié de plusieurs décennies.

Elliott Murphy - Come On Louann
Durée : 04:06

Dans son répertoire, vaste, qui passe par le goût pour le blues, le rock’n’roll, il va chercher l’ancien, de toutes époques, certaines chansons bien connues, d’autres plus secrètes, combiné à quelques morceaux d’un récent album, Prodigal Son, dont « Hey Little Sister » et la très belle « Let Me In ». De l’album Night Lights, en 1976, sorte de portrait de New York, avec section de vents et orchestration fournie, Murphy et Durand tirent des versions dépouillées, intimes, de « Diamonds By The Yard » et de « You Never Know What You’re in For », avec ses junkies et leurs revendeurs, ses prostituées et leurs macs. Ovation pour cette dernière, tant l’osmose entre les deux musiciens est là à son plus haut.

Murphy est aussi un raconteur. Il présente son harmonica, le même depuis 1971. Il parle du blues après « Take Love Away », un extrait de Selling The Gold (1995). « Il y a beaucoup de chansons sur la mort, les filles ou les voitures, dit-il. Mais il n’y en pas beaucoup sur des bottes. J’en connais deux. » Et de démarrer par « These Boots Are Made for Walking », tube de 1966 écrit par Lee Hazlewood et chanté par Nancy Sinatra, avant d’interpréter sa propre contribution au thème bottier, « Chelsea Boots ». Vers la fin des plus de deux heures du concert, sans micro, sans amplification, « Change Will Come » (1980), de pleine grâce.

Printemps de Bourges-Crédit mutuel, jusqu’au dimanche 29 avril, dans une dizaine de lieux. Programme complet et tarifs sur le site Internet : Printemps-bourges.com