Selon un sondage, 77 % des Français aimeraient disposer librement de l’intégralité du capital de leur épargne à la retraite plutôt que percevoir une rente viagère / Roman Märzinger/Westend61 / Photononstop / Roman Märzinger/Westend61 / Photononstop

La loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) qui devrait être présentée en conseil des ministres prochainement comportera un important volet épargne et retraite. Celui-ci s’articule autour d’une double ambition : d’une part redéployer une partie des flux d’épargne vers l’économie dite réelle, d’autre part « développer et simplifier les produits d’épargne-retraite, pour les faire converger autour de caractéristiques communes ».

Sur le deuxième point, l’intention s’inscrit dans une démarche globale de simplification et de clarification des régimes de retraites comme de l’épargne des ménages. Mais elle risque de se heurter à quelques réalités qui semblent aujourd’hui difficiles à concilier.

En effet, faire converger l’épargne-retraite vers un produit aux caractéristiques communes, pose la question centrale du choix de la sortie en rente ou en capital ? Cette question va dépasser largement sa dimension technique, pour savoir si l’on peut décider de ce qui est le mieux pour assurer les revenus des futurs retraités ?

Préférence pour la liquidité

Un sondage intitulé « Demain, quelle retraite ? » et réalisé par Audirep pour le compte de Natixis et Amundi, signale que 77 % des sondés aimeraient « disposer librement de l’intégralité du capital (et des futures plus-values), avec retrait possible à tout moment, plutôt que d’une rente viagère ». Ce résultat n’est pas vraiment surprenant. La préférence pour la liquidité est une caractéristique principale des critères de placements des épargnants français. Selon le baromètre 2018 du Cercle des épargnants, c’est même le deuxième critère (76 %) juste après la garantie du capital (79 %) et même relativement loin devant la « fiscalité avantageuse » des produits (68 %).

D’un autre côté, transférer la totalité du capital le jour de sa retraite à son bénéficiaire revient à le priver du revenu complémentaire qui devait garantir ses vieux jours. C’est l’argument que soutiennent la majorité des assureurs représentés par la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA). Ils rappellent ainsi la promesse initiale et l’essence même de l’épargne retraite : celle d’assurer cette période de la vie, qui d’ailleurs tant à s’allonger.

Dans cette perspective, l’épargne-retraite est bien conçue pour compenser la baisse de revenus lors du passage en retraite. La crainte de voir les pensions de retraite à venir se réduire du fait de l’allongement de l’espérance de vie après la retraite et du nombre croissant des inactifs, ajoute du poids à cette idée.

L’assurance-vie plutôt que le Perp

L’assurance-vie, qui totalise 1 676 milliards d’euros d’encours au 31 décembre 2017 (+3 % sur un an), satisfait bien les préférences des épargnants en permettant de disposer intégralement d’un capital complémentaire à la retraite. Les épargnants l’utilisent massivement en ce sens. Le baromètre annuel du Cercle des épargnants confirme que l’assurance-vie est considérée comme le meilleur produit d’épargne pour préparer sa retraite (45 %) loin devant le plan d’épargne retraite populaire (Perp, 12 %), pourtant conçu à cet effet.

Face à ce dilemme, le ministre de l’économie Bruno Le Maire plaidait récemment pour laisser le choix de la sortie en rente ou en capital quel que soit le produit – au-delà d’un certain délai de détention s’entend. Il n’est pas sûr que cette intention soit réalisable ni qu’elle referme le débat autour des moyens de renforcer et équilibrer un système quasiment exclusivement constitué par la répartition.

Alors qu’en parallèle démarrent les consultations sur l’harmonisation des régimes de retraites, on peut penser que les prochaines années seront marquées par un certain tâtonnement législatif, afin de trouver un équilibre acceptable entre solidarité et assurance privée.