Braun Strowman reçoit le trophée du Greatest Royal Rumble des mains de Turki Alsheikh, président de l’Autorité saoudienne des sports, vendredi 27 avril à Djeddah. / -- / --/Saudi Press Agency/dpa

Dur métier que celui d’organisateur de spectacle sportif en Arabie Saoudite. Vendredi 27 avril, le promoteur de catch WWE débarquait pour la première fois dans un royaume qui poursuit sa stratégie de promotion touristique et de développement de l’industrie du loisir.

La WWE avait signé un accord de collaboration pour dix ans et pris les dollars saoudiens – le montant est tenu secret – en acceptant la condition fixée par Djeddah : pas de femmes sur le ring. Une entorse majeure à sa stratégie commerciale du moment, qui vise à développer les combats féminins, notamment avec les débuts dans le catch de l’ancienne star du MMA (Mixed Martial Arts) Ronda Rousey.

Si les femmes, aux tenues de combat souvent légères, n’étaient donc pas les bienvenues dans le grand stade de Djedda, elles restaient bien présentes dans les clips promotionnels de la WWE. Et ceux-ci ont été diffusés sur les écrans géants dans le stade.

Samedi 28 avril, l’Autorité saoudienne des sports a dû s’excuser dans un communiqué. Elle a décrit comme « indécentes » les images de femmes en maillot de catch. Des téléspectateurs saoudiens ont dit à l’agence Associated Press que la retransmission du « Greatest Royal Rumble » avait été momentanément coupée.

A special look at WWE Greatest Royal Rumble
Durée : 01:43

Des femmes et des enfants étaient acceptés dans le stade mais devaient être accompagnés par des hommes. La présence féminine avait même été encouragée via la répartition des 52 000 places en vente, en particulier dans les sections les plus visibles à la télévision.

Ouverture progressive à l’industrie du sport

Le développement des sports de combat est l’un des axes majeurs de l’ouverture de l’Arabie saoudite aux sports occidentaux. Le fonds souverain saoudien a récemment pris une participation de 400 millions de dollars dans la maison-mère de l’UFC, la plus importante ligue de MMA. Et un grand combat de boxe aura lieu dans le pays d’ici la fin de l’année.

L’Arabie saoudite a par ailleurs accueilli en début d’année un tournoi international de squash… féminin. Et ouvert quelques stades de football aux femmes qui restent toutefois sous la tutelle des hommes pour voyager, entrer à l’université ou signer un contrat de travail.

Le mois d’avril a aussi vu le cinéma faire son retour en Arabie saoudite à l’initiative Mohammed Ben Salman, le très entreprenant prince héritier, fils du roi Salman. Le prince multiplie depuis deux ans les mesures d’ouvertures sociétales, comme la mise au pas de la police religieuse, l’octroi du permis de conduire aux femmes et l’organisation de concerts et même de défilés de mode.

Intégrées dans un vaste plan de développement socio-économique, baptisé Vision 2030, ces réformes poursuivent trois objectifs : attirer les investisseurs en redorant l’image du royaume, ternie par son ultrapuritanisme ; prendre en compte les aspirations au changement d’une population très jeune ; et développer une industrie du loisir.