Un groupe de 1 200 black blocs, selon la police, se trouvait en tête de cortège et a commis plusieurs exactions. / PHILIPPE WOJAZER / REUTERS

Les revendications syndicales portées par la manifestation parisienne à l’occasion du 1er-Mai auront rapidement été éclipsées. En tête de cortège, de nombreux militants d’extrême gauche ont en effet causé des dégradations et affronté les forces de l’ordre, incitant la préfecture de police à demander aux syndicats de changer d’itinéraire.

Partie vers 15 heures, la manifestation a très rapidement changé de tournure, bloquée par la présence de quelque « 1 200 black blocs » – ces militants radicaux se réclamant de l’antifascisme, de l’anarchisme ou de l’autonomie – recensés par la préfecture de police, sur les 14 500 personnes venues hors cortège syndical.

« Changement radical »

Rassemblés autour de banderoles comme « Premiers de cordée, premiers guillotinés », les militants encagoulés criaient « Tout le monde déteste la police » ou encore, « Paris, debout, soulève-toi ».

Face aux affrontements et aux dégradations, les forces de l’ordre ont riposté en usant de deux lanceurs d’eau, ainsi que par des tirs de gaz lacrymogènes. De nombreuses dégradations ont été commises sur le trajet, parmi lesquelles le saccage d’un restaurant McDonald’s. Plusieurs véhicules et poubelles ont été brûlés.

Au moins quatre personnes, dont un policier, ont été légèrement blessées, selon la préfecture de police de Paris.

Le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a rapidement condamné « avec fermeté » ces « violences et dégradations », affirmant sur Twitter que « tout est mis en œuvre pour faire cesser ces graves troubles à l’ordre public ». Mais les critiques envers les forces de l’ordre, accusées de complaisance, n’ont pas tardé. Interrogé sur la question du délai de réaction, le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, a expliqué mardi soir que les forces de l’ordre « ne pouvaient pas intervenir » pour stopper les violences, en raison de la présence de « black blocs » au sein même du deuxième cortège de militants d’ultra gauche.

Un contenu de cette page n'est pas adapté au format mobile, vous pouvez le consulter sur le site web

« Quand les exactions ont commencé, il y avait au moins un millier de personnes entre eux [les black blocs] et les forces de l’ordre. On ne pouvait pas intervenir, a insisté Michel Delpuech. Ils étaient complètement intégrés à cet autre cortège, ils n’étaient pas en tête et il y avait devant eux d’autres personnes. » « On ne pouvait intervenir sans craindre de faire des dégâts collatéraux », a-t-il ajouté.

Le ministre de l’intérieur a renchéri, affirmant qu’« on ne [pouvait] pas prévoir comment les choses se dérouler[aie]nt exactement » et que les autorités avaient « mis les forces de l’ordre à leur niveau maximal ».

Eluder « les vrais problèmes »

Philippe Martinez, leader de la CGT, a également fustigé la gestion du cortège syndical par les autorités. « J’ai vécu des choses scandaleuses, le fait d’être bloqué sur ce pont » d’Austerlitz par lequel le cortège devait initialement passer, a déclaré M. Martinez sur CNews.

« Quand un cortège ne peut plus avancer, il recule, sauf qu’à l’autre bout du pont, par où il fallait reculer, il y avait plusieurs rangées de CRS, des camions qui nous empêchaient de reculer », s’est insurgé Philippe Martinez. « Evidemment on condamne ces violences, mais ça fait deux ans que ça dure », a fustigé le leadeur syndical, regrettant que les incidents « en marge du cortège (…) éludent les vrais problèmes ».