A Wambrechies (Nord), la marche blanche pour la jeune Angélique s’est achevée, mardi 1er mai, par un lâcher de ballons blancs. / PHILIPPE HUGUEN / AFP

« Nos cœurs sont brisés, nos têtes sont remplies de questions, nos yeux pleurent mais nous ne faiblirons pas. » Les mots d’Anaïs Six, 21 ans, la grande sœur d’Angélique Six, ont clôturé avec une grande dignité la marche blanche organisée, mardi 1er mai, à Wambrechies (Nord). Plus de 3 000 personnes étaient présentes pour rendre hommage à cette enfant de 13 ans, disparue mercredi et retrouvée morte ce week-end.

Dans la nuit de lundi à mardi, David Ramault, un voisin, a été mis en examen pour séquestration, viol et meurtre d’un mineur de moins de 15 ans et placé en détention provisoire après avoir avoué le meurtre de l’adolescente.

« C’était une petite fille gentille comme tout, adorable, toujours prête à rendre service. » Tout de blanc vêtu, c’est le cœur gros et les yeux emplis de larmes que Patrick Billau, ancien directeur de l’école Jules-Ferry à Wambrechies, a marché aux côtés d’une foule anonyme nombreuse et recueillie. « C’était mon élève, je m’étais battu pour qu’elle aille dans une classe adaptée car elle avait un très léger handicap, confie-t-il. Quand j’ai su qu’elle avait disparu, j’ai eu un mauvais pressentiment. Elle était toujours prête à aider les autres, à porter les sacs de courses des grands-mères, c’est dur. »

A 14 heures, des milliers de personnes étaient massées devant l’hôtel de ville, recouvert d’une grande photo d’Angélique Six. Les drapeaux étaient en berne. « On se sent tous concernés, explique Nathalie, 47 ans. Ça s’est passé à 300 mètres de chez moi. On prend conscience que ça pourrait être nos enfants. » Accompagnée de sa fille de 9 ans, Nathalie soupire : « Dans deux ans, ma fille sera au collège, je ne l’imagine pas rentrer seule comme nous on le faisait quand on avait son âge. »

« On ne sait plus comment protéger nos enfants »

Cyllia, 11 ans, va, elle, seule à l’école Saint-Vaast de Wambrechies. Venue à la marche blanche, la petite fille est « triste ». Elle raconte avec ses mots la tragédie : « Angélique jouait au parc et un homme l’a kidnappée. Maintenant, je vais avoir peur. » Sa maman, Hélène Delmare, était la voisine des parents d’Angélique. « C’est un cauchemar. Je me sens très mal. On ne sait plus comment protéger nos enfants. Des malades, on en rencontre tous les jours, mais on n’arrive pas à les détecter. »

La foule, digne, a marché en silence du centre-ville de cette petite commune, réputée pour son calme et son cadre de vie, vers le parc Agrippin, où Angélique Six a disparu. En tête de cortège, ses parents, Corinne et Frédéric Six, et sa sœur étaient soutenus par leurs proches habillés en blanc. A 14 h 30, arrivés à l’angle de l’avenue du Général-Leclerc et de la rue de l’Agrippin, la famille a souhaité s’arrêter devant le domicile de l’assassin de leur fille, gardé par quelques policiers en civil, et dont une vitre a été brisée, probablement la nuit dernière. En larmes, la maman d’Angélique a lâché un juron avant de passer son chemin et retrouver la foule pour un lâcher de ballons au parc de l’Agrippin.

« C’est quoi, ce circuit ?, demande Edith, 63 ans. Ce n’est pas du tout apaisant pour la famille ! C’est ajouter de l’huile sur le feu. » Cette ancienne employée de mairie à la retraite aime sa ville, elle y a travaillé quarante-trois ans mais elle ne comprend pas comment un tel drame a pu se jouer ici. « Pour les parents actuels, comment faire avec les enfants ? Entre la guerre, les attentats où on peut se faire attaquer dans un petit Super U, et des choses comme ça, comment on fait ? Y a plus rien. C’est dur ».

« Nous allons nous battre »

Pour la famille d’Angélique, le combat ne fait que commencer. « Nous allons nous battre pour Angélique, a témoigné Anaïs Six, très proche de sa sœur. Nous allons encore traverser des épreuves difficiles mais la colère va nous permettre de lutter jusqu’au bout pour toi. » Avant de remercier une fois encore la foule pour son soutien et sa solidarité, Anaïs Six a ajouté : « Gardons en mémoire ce sourire, cette insouciance, cette vivacité qu’avait Angélique. »

Après s’être recueillie devant une grille du parc recouverte de milliers de fleurs blanches, la mère d’Angélique a proposé aux 3 000 personnes réunies de crier : « Angélique, on t’aime ! », avant de lâcher des ballons blancs dans le ciel. Les obsèques de l’adolescente auront lieu samedi.