En arabe, le mot « Comores » signifie « les îles de la Lune ». Telle une petite constellation perdue dans l’immensité de l’océan Indien, à mi-chemin entre l’Afrique et Madagascar, l’archipel peut sembler lointain vu de Paris. Pourtant, à seulement 70 km au sud des côtes comoriennes, il existe un petit bout de France : Mayotte, la quatrième île de l’archipel, est la source d’un conflit qui dure depuis plus de quarante ans.

Ancienne colonie française, les Comores, autrefois composées de quatre îles (Grande Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte), ont proclamé leur indépendance en 1975. Mais Mayotte a préféré rester dans le giron de Paris. Territoire non décolonisé aux yeux des Nations unies, l’île est bel et bien « comorienne », selon l’organisation internationale. Entre 1973 et 1994, pas moins de 20 résolutions non contraignantes ont été adoptées par l’assemblée générale de l’ONU. Rien n’y a fait : depuis 2011, Mayotte est le 101e département français.

La « vache à quatre pattes », comme disait l’ancien président comorien Ahmed Abdallah, a été amputée d’une patte et ne peut plus avancer. Quarante-trois ans après l’indépendance, l’archipel est « en sursis », craignent certains. Le pays est plombé par la misère, la corruption, le manque de perspectives et de stabilité, avec une vingtaine de tentatives de coups d’Etat depuis l’indépendance et un contentieux territorial avec la France encore loin d’être réglé.

Des familles déchirées

La dislocation de l’archipel a provoqué une fracture bien au-delà de la sphère politique. La séparation a dessiné une frontière à l’intérieur même des familles, dont certaines ont été déchirées à l’instauration, en 1995, d’un visa pour les Comoriens souhaitant se rendre à Mayotte. Cette dernière a donné l’illusion d’un eldorado, creusant davantage les inégalités entre deux peuples proches aussi bien géographiquement que culturellement.

La crise migratoire qui en a découlé a non seulement entraîné la mort de plusieurs milliers de Comoriens, mais a aussi déstabilisé l’ensemble de l’archipel, jusqu’à Mayotte, où les habitants pourchassent ceux qui ont été leurs frères et qu’ils appellent désormais des « clandestins ».

Au moment où les risques de tensions communautaires occupent toutes les pensées et alors que le gouvernement de Moroni a décidé de durcir le ton face à Paris, Ghalia Kadiri, journaliste au Monde Afrique, s’est rendue dans l’archipel, côté comorien, pour comprendre, à travers une série de quatre épisodes, les origines et les conséquences de ce conflit dont les échos résonnent jusqu’au cœur de la France.

Sommaire de notre série : Comores et Mayotte, si loin, si proches

Le Monde Afrique s’est rendu dans l’archipel, côté comorien, pour comprendre les origines et les conséquences d’un conflit territorial dont les échos résonnent jusqu’au cœur de la France.

Présentation de notre série : Comores et Mayotte, si loin, si proches