La France a perdu en 2017, au profit de l’Inde, sa cinquième place au classement mondial des dépenses militaires, selon un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) publié mercredi 2 mai. L’hexagone a consacré l’année dernière 57,8 milliards de dollars à sa défense, soit 2,3 % de son PIB, un niveau insuffisant pour maintenir son rang face à une Inde qui s’arme à marche forcée. Pour Aude Fleurant, responsable du programme des armements au Sipri, les dépenses françaises « ont décru de 1,9 % [sur un an], ce qui n’est pas énorme. En revanche, l’Inde croît très rapidement ».

L’Inde, qui avait le sixième budget défense en 2016, s’octroie donc la cinquième place en 2017, après une hausse de 5,5 % de ses dépenses sur un an. Celles-ci ont même quasiment doublé depuis 2008, portées par une « perception croissante de la menace », explique Aude Fleurant. Face à la montée en puissance de la Chine sur le continent asiatique, l’Inde s’est lancée dans un grand programme de modernisation de son armée, à l’équipement insuffisant et souvent obsolète. Elle compte y injecter au total plus de 100 milliards de dollars.

Le gouvernement français a, lui, décidé en juillet de procéder à une coupe de 850 millions d’euros dans les programmes d’équipements des armées, sur fond d’effort budgétaire global. Les calculs du Sipri sont toutefois à mettre en perspective avec ceux annoncés par le ministère de la défense, car ils prennent en compte les dépenses de la gendarmerie, pourtant rattachée au ministère de l’intérieur depuis 2009. Le gouvernement français a porté l’objectif des dépenses de défense à 2 % du PIB en 2025, soit 50 milliards d’euros, contre 34,2 milliards cette année.

La Russie confrontée aux sanctions de l’Occident

Ce rapport révèle également que les dépenses militaires de la Russie ont diminué en 2017, une première depuis vingt ans en raison des sanctions économiques imposées au pays. La Russie, qui avait le troisième budget en 2016, est redescendue à la quatrième place en 2017. Ses dépenses militaires ont chuté de 20 %, à 66,3 milliards de dollars. Le pays avait enregistré sa dernière baisse en 1998, alors qu’il faisait face à une importante crise financière.

« La modernisation militaire reste une priorité en Russie, mais le budget militaire a été restreint par les difficultés économiques que le pays connaît depuis 2014 », a expliqué Siemon Wezeman, chercheur au Sipri. M. Wezeman se réfère notamment aux sanctions économiques imposées depuis 2014 par les pays occidentaux à la Russie, en lien avec le conflit ukrainien. Jusqu’en 2016, le budget russe consacré à la défense était préservé des coupes budgétaires entreprises dans d’autres secteurs comme l’éducation ou les infrastructures.

Les Etats-Unis en tête de gondole

Les 29 membres de l’Otan ont, ensemble, dépensé 900 milliards de dollars pour leur défense en 2017, soit 52 % des dépenses mondiales. Les dépenses militaires en Europe centrale et occidentale ont, elles, respectivement progressé de 12 % et 1,7 % en 2017, en partie à cause de menaces russes croissantes.

Les États-Unis restent le pays qui dépense le plus, de très loin. Leur budget, de 610 milliards de dollars, représente plus d’un tiers des dépenses militaires dans le monde, loin devant la Chine (13 % des dépenses militaires, à 228 milliards selon une estimation Sipri) et l’Arabie Saoudite (4 % à 69,4 milliards).

Sur l’ensemble de l’année 2017, les dépenses militaires mondiales se sont élevées à 1 739 milliards de dollars, une hausse de 1,1 % sur un an. « La poursuite de dépenses militaires mondiales élevées est une source préoccupation », a fait savoir le président de l’institut, Jan Eliasson, dans un communiqué. « Elle sape la recherche de solutions pacifiques face aux conflits. »