« On entend parler de l’esclavage qui a duré quatre cents ans. Pendant quatre cents ans ? Ça ressemble à un choix », déclare le rappeur, ajoutant : « Nous sommes dans une prison mentale. J’aime le mot “prison” parce qu’“esclaves” est trop lié aux Noirs. » / Chris Pizzello / AP

Après un long silence, Kanye West revient, pour le meilleur, ou pour le pire… A 40 ans, la star américaine du rap, est sortie il y a deux semaines d’un silence d’un an observé sur Twitter, postant jusqu’à 20 « tweets » par heure sur des sujets allant de la politique à la philosophie en passant par la mode.

Mardi 1er mai, lors d’un entretien d’une durée de 1 h 45 diffusé sur « The Breakfast Club », émission de la radio new-yorkaise Power 105.1, il a évoqué pêle-mêle la dépression nerveuse qu’il a connue fin 2016, les tensions avec un autre rappeur, Jay-Z, et son point de vue sur Donald Trump…

Dans cette interview, il a expliqué avoir été vexé de ne pas avoir été invité à la Maison Blanche par Barack Obama. Le président démocrate, originaire de Chicago comme Kanye West, l’avait traité d’« abruti » en 2009 pour sa conduite aux MTV Video Music Awards, lorsque le rappeur avait interrompu la cérémonie pour proclamer que Taylor Swift ne méritait pas sa récompense. « Il ne m’a jamais appelé pour s’excuser », s’est-il plaint.

kanye west / charlamagne interview
Durée : 01:45:06

Kanye West a aussi évoqué les futurs billets de banque à l’effigie d’Harriet Tubman, figure de la lutte contre l’esclavage, déclarant : « Quand j’ai vu Harriet Tubman sur le billet de 20 dollars, c’est là que j’ai voulu utiliser le Bitcoin. C’est comme tous les films d’esclaves. Pourquoi tu dois continuer à nous rappeler l’esclavage ? Pourquoi ne mettez-vous pas Michael Jordan sur le billet de 20 dollars ? »

Polémique sur l’esclavage

Après la diffusion de cet entretien, le rappeur s’est expliqué sur TMZ, site spécialisé dans les célébrités, déclarant : « On entend parler de l’esclavage qui a duré 400 ans. Pendant 400 ans ? Ça ressemble à un choix », a-t-il déclaré, ajoutant : « Nous sommes dans une prison mentale. J’aime le mot “prison” parce qu’“esclaves” est trop lié aux Noirs ».

Van Lathan, un animateur de TMZ, s’en est immédiatement pris au rappeur : « En fait, je ne pense pas que vous pensiez à quoi que ce soit », a-t-il lancé, ajoutant que West mène une vie d’artiste, « alors que nous autres [Noirs] faisons face à toutes sortes de menaces ». « La marginalisation que nous subissons découle de ces quatre cents années d’esclavage dont vous dites qu’elle est un choix de notre peuple. »

Les propos de Kanye West ont immédiatement suscité l’indignation sur les réseaux sociaux. Symone D. Sanders, chroniqueuse politique sur la chaîne de télévision CNN, a mené la charge sur Twitter : « Kanye est la caricature dangereuse d’un Noir ″libre-penseur″ en Amérique. Franchement, je suis dégoûtée et j’en ai marre. Enfin (je ne peux pas croire que je doive le dire) : l’esclavage était loin d’être un choix. »

La NAACP, une association de défense des droits civiques, a aussi réagi sur Twitter : « Il y a beaucoup de fausses informations qui ont été sorties et nous sommes disposés à apporter l’éclairage nécessaire. Le peuple noir a combattu l’esclavage dès le moment où il a mis pied sur ce continent. »

Kanye West a tenté de se justifier sur Twitter : « Bien sûr je sais que les esclaves n’ont pas été enchaînés et embarqués sur des bateaux de leur propre chef. Je voulais dire que le fait d’être resté dans cet état alors que nous étions plus nombreux signifie que nous étions mentalement esclaves. »

Trump, hospitalisation, opioïdes

Kanye West est par ailleurs revenu sur le soutien exprimé la semaine dernière à Donald Trump, qui avait suscité l’incompréhension de nombre de ses fans. Prié de dire ce qu’il admirait chez le président américain, le rappeur a cité « la capacité à faire ce que personne ne pensait qu’on pouvait faire, à faire l’impossible ».

L’auteur de la chanson Jesus Walks est également revenu sur son hospitalisation de 2016, intervenue après une série d’annulations de concerts et des diatribes politiques. « J’étais sous l’emprise de la drogue. Deux jours avant d’être admis à l’hôpital, je prenais des opioïdes. J’avais une dépendance aux opioïdes. »