Téléfilm sur France 2 à 20 h 55

Elsa Lunghini  interprète avec justesse le rôle d’une femme meurtrie qui s’enferme dans le silence. / France 2

Laura Wagner (Elsa Lunghini) est une femme à qui tout semble réussir. Brillante commissaire-priseuse, elle s’épanouit dans son travail. Libre, elle assume coucher avec qui elle veut. Entourée, elle peut compter sur son petit groupe d’amies. Un jour, elle fait la rencontre de Guillaume Miller (François Vincentelli), réputé et séduisant galeriste. Après le dîner, il l’emmène chez lui. Ils en ont tous les deux envie, mais, découvrant une personnalité abjecte, Laura décide de fuir. Le bellâtre ne l’entend pas de cette oreille et la viole.

La jeune femme menace de porter plainte. « Personne ne te croira, ça sera ta parole contre la mienne », lui rétorque son agresseur. Elle qui, comme il dit, est une fille libre, « c’est-à-dire une fille facile ». La même nuit, Guillaume retrouve le corps sans vie de son épouse. Soupçonné par la police de l’avoir tuée, il nie en bloc et – terrible ironie – reconnaît le viol, afin de se procurer un alibi. Après tout, il préfère passer huit années en prison plutôt que vingt. Or, Laura pense tenir l’occasion parfaite pour prendre sa revanche et conteste les faits. Un temps soulagée par cette « vengeance » opportune, elle va peu à peu se murer dans le silence avant de sombrer dans la dépression.

Déni destructeur

Entremêlant drame humain et intrigue policière, Parole contre parole parvient, malgré un ressort scénaristique quelque peu grossier (le meurtre), à capter l’attention jusqu’au dénouement. Elsa Lunghini, remarquable, interprète avec justesse le rôle de cette femme meurtrie qui se terre dans un déni destructeur. Avant de trouver la force de se confronter à la réalité et mettre enfin des mots sur l’indicible.

A travers ce personnage, le téléfilm de Didier Bivel retrace les différentes étapes auxquelles sont confrontées les victimes de viol ; la manière dont elles peuvent surmonter la violence de ce drame pour parvenir à se reconstruire. Surtout, il porte en creux une réflexion sur la nécessité d’accepter le traumatisme et d’en parler, afin de mieux l’affronter. On regrettera cependant que les personnages de cette fiction, comme tant d’autres, évoluent encore et toujours dans un cadre plutôt aisé et bourgeois.

Parole contre parole, de Didier Bivel. Avec Elsa Lunghini, François Vincentelli, Patrick Ridremont, Sara Martins (Fr., 2018, 95 min).