Rudi Garcia s’est montré particulièrement suspicieux vis-à-vis du préleveur venu contrôler ses joueurs, mardi 2 mai. / LEONHARD FOEGER / REUTERS

Malgré l’avantage acquis à l’aller contre le RB Salzbourg (2-0), c’est visiblement dans un climat de tension, voire de paranoïa, que l’Olympique de Marseille a préparé sa demi-finale retour de la Ligue Europa. En témoigne le déroulement d’un contrôle antidopage inopiné au centre d’entraînement de l’OM, mardi 1er mai, qui a fait couler plus d’encre qu’il n’aurait dû.

Ce mardi après-midi, quarante-huit heures avant le match retour en Autriche, un préleveur mandaté par l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) se présente à la Commanderie, le centre d’entraînement de l’OM. Il souhaite contrôler les cinq internationaux français de l’équipe : Jordan Amavi, Steve Mandanda, Dimitri Payet, Adil Rami et Florian Thauvin.

Les joueurs se prêtent au contrôle dans une ambiance détendue, selon les déclarations faites depuis par le secrétaire général de l’AFLD, Mathieu Teoran. Le staff, beaucoup moins.

Des membres du staff marseillais s’interrogent ouvertement sur un rôle éventuel de Jean-Michel Aulas dans ce contrôle, le président de l’Olympique lyonnais étant engagé dans une passe d’armes médiatique avec son homologue de l’Olympique de Marseille Jacques-Henri Eyraud. « L’AFLD est une autorité publique indépendante qui ne reçoit d’instruction de qui que ce soit pour diligenter des contrôles antidopage », a cru bon de préciser Mathieu Teoran auprès de l’Agence France-Presse.

Un rapport sur le comportement du staff marseillais

Selon nos informations, l’entraîneur marseillais Rudi Garcia a été le plus véhément, affichant sa suspicion vis-à-vis du préleveur. « Comment je l’ai pris ? Mal, a-t-il confirmé mercredi 2 mai en réponse à une question sur le sujet en conférence de presse. On n’a rien à cacher et je ne me plains pas, mais j’ai trouvé ça un peu bizarre à deux jours d’un match aussi important. (…) Le type est arrivé tout seul avec une carte de médecin périmée, sans tampon sur l’ordre de mission, et on a perdu deux heures sur le départ de l’entraînement, voilà pourquoi je n’étais pas spécialement ravi hier [mardi]. »

L’AFLD précise que le préleveur – qui n’a pas besoin d’être accompagné – était en possession des deux seuls documents dont il ait besoin : sa carte professionnelle de préleveur en cours de validité et un ordre de mission signé.

Le préleveur a, depuis, rédigé un rapport complémentaire, a appris Le Monde, pour faire part de l’attitude des membres de l’encadrement du club. L’Olympique de Marseille devrait désormais être rappelé à l’ordre par courrier.

Ce coup de semonce de l’AFLD ne serait pas inédit : en décembre 2015, certains joueurs du Paris-Saint-Germain avaient eu un comportement similaire vis-à-vis des préleveurs lors d’un contrôle d’après-match. Le PSG avait été rappelé à l’ordre par écrit, avec copie à la Ligue de football professionnel, et l’AFLD n’avait plus eu de problèmes avec le club parisien par la suite.

Passeport biologique

La réaction des dirigeants de l’OM étonne d’autant plus que les contrôles hors compétition ne sont pas rares dans le football – bien que plus rares qu’en cyclisme ou en athlétisme. Avant les grandes compétitions internationales, l’UEFA ou la FIFA réclament aux agences nationales antidopage un suivi plus strict des potentiels internationaux.

Ainsi, si les cinq Marseillais ont subi à la fois un contrôle urinaire et un contrôle sanguin, c’est que la FIFA souhaitait alimenter leur passeport biologique personnel, qui permet de suivre l’évolution dans le temps des paramètres sanguins et stéroïdiens et repérer un éventuel dopage. De même, le Paris-Saint-Germain, où évoluent de nombreux joueurs susceptibles de participer à la Coupe du monde, a subi trois contrôles depuis un mois.

Depuis le 1er janvier, 243 prélèvements ont été effectués sur des footballeurs professionnels en France, dont 180 hors compétition. Que le contrôle ait lieu à quarante-huit heures d’une compétition n’est pas non plus étonnant : l’Agence mondiale antidopage préconise ce type de contrôles inopinés à proximité d’une grande échéance.

A un autre niveau, les joueurs des Herbiers avaient aussi été contrôlés à l’entraînement dans les jours précédant leur demi-finale (victorieuse) de Coupe de France… sans faire d’esclandre.

Quant aux cyclistes ou athlètes, régulièrement contrôlés le matin de leurs compétitions au saut du lit, ils sont désormais habitués aux piqûres imprévues. Un journaliste de Sud-Ouest rapportait mercredi que les coureurs de l’équipe Groupama-FDJ, arrivés à 1 h 30 dans leur hôtel de Jérusalem pour le départ du Tour d’Italie, avaient été réveillés six heures plus tard pour un contrôle antidopage.