On ne les a plus vus défiler ensemble depuis des lustres. Mais la fonction publique vaut bien une exception. Le 22 mai, les numéros un des confédérations syndicales vont mettre leurs désaccords de côté pour manifester dans le cortège parisien. « On sera tous là, tous ceux qui appellent » à cette journée d’action, indique Laurent Berger au Monde. Le secrétaire général de la CFDT y retrouvera en effet ses homologues syndicaux.

« Philippe Martinez sera présent », confirme Jean-Marc Canon, à la tête de l’Union générale des fédérations de fonctionnaires CGT. « J’y serai avec le bureau confédéral », précise également Pascal Pavageau, le nouveau dirigeant de FO.

François Hommeril, président de la CFE-CGC, a prévu de longue date ce jour-là un déplacement en province mais y enverra un représentant. « C’est un crève-cœur pour moi, confie-t-il. La photo aurait eu de la gueule. » M. Hommeril va cependant tenter de s’organiser car, selon lui, « la symbolique est forte. Nous sommes à un moment de tensions très vives car le gouvernement ne sait pas s’y prendre avec les syndicats. Il n’a ni le savoir-faire ni la culture. Sur le service public, où l’urgence est peut-être encore plus forte qu’ailleurs, c’est important qu’il y ait quelque chose qui aide à la prise de conscience du gouvernement ».

Refondation du contrat social

Reste à savoir comment ces retrouvailles seront mises en scène. Pour M. Canon, « c’est évident que les leadeurs syndicaux seront à la banderole » dans le carré de tête. Le 22 mai, les neuf syndicats de la fonction publique (CGT, CFDT, FO, UNSA, FSU, Solidaires, CFTC, CFE-CGC et FA-FP) appellent les 5,6 millions d’agents à faire grève et à défiler contre les projets du gouvernement les concernant. En cause notamment : le projet de supprimer 120 000 postes, le gel du point d’indice, le rétablissement du jour de carence en cas d’arrêt-maladie ou encore la compensation de la CSG.

Début avril, le gouvernement a lancé, dans un climat de défiance, le premier des quatre chantiers de la refondation du contrat social qu’il souhaite mettre en place avec les fonctionnaires. Cette première discussion porte sur le dialogue social. Suivront ensuite le recours accru aux contractuels, la rémunération au mérite et les plans de départs volontaires. Dans le cadre du Comité action publique 2022, un rapport d’experts, attendu ces prochaines semaines et qui doit préconiser des pistes pour réduire la dépense publique, alimente en outre les craintes.

Le 10 octobre 2017, une première action unitaire avait eu lieu – ce qui n’était pas arrivé depuis une dizaine d’années. Des fissures étaient cependant apparues par la suite et la CFDT et l’UNSA n’avaient pas souhaité participer à une seconde journée de mobilisation, le 22 mars, estimant cette date « prématurée ». Mais ces deux syndicats ont finalement rejoint le mouvement. Dans un communiqué envoyé vendredi, l’intersyndicale invite d’ores et déjà les fonctionnaires à se rassembler le 15 mai devant Bercy à l’occasion de l’ouverture du chantier consacré au recours au contrat.