L’arrivée des actionnaires à l’assemblée générale de Telecom Italia. / MIGUEL MEDINA / AFP

Le groupe français Vivendi a essuyé un sérieux revers vendredi 4 mai en perdant le contrôle du conseil d’administration (CA) de Telecom Italia (Tim) au profit du fonds américain Elliott.

Parmi les actionnaires votants, 49,84 % se sont prononcés pour le fonds activiste et 47,18 % pour le groupe de Vincent Bolloré, principal actionnaire de Tim avec 23,94 % du capital. Elliott détiendra donc dix sièges sur les quinze du CA, et Vivendi cinq. Interrogé après le vote, le groupe français a dit être engagé sur le long terme dans l’opérateur et souligné qu’il veillerait à empêcher son éventuel « démantèlement ».

« Nous avons cinq sièges au conseil, nous sommes l’actionnaire principal. Nous continuerons à soutenir la stratégie [du directeur général] Amos Genish, qui a été votée à l’unanimité par le conseil, a déclaré le directeur de la communication de Vivendi, Simon Gillham. Nous serons très vigilants sur le fait qu’il n’y ait pas d’autre stratégie, de démantèlement ou autre. » Interrogé sur une éventuelle baisse de sa participation, il a déclaré : « Nous sommes un actionnaire à long terme. »

La Caisse italienne des dépôts, favorable à Elliott

Lors de cette assemblée générale réunie à Rozzano, en banlieue de Milan (nord), 67,15 % du capital était représenté. Les influentes sociétés de conseil Glass Lewis, ISS et Frontis avaient recommandé de voter pour Elliott, qui détient quelque 9 % de Tim.

La Caisse italienne des dépôts – entrée en avril au capital dans le cadre de son soutien aux « infrastructures stratégiques nationales » et qui en possède désormais 4,78 % – s’est aussi rangée du côté du fonds activiste, une alliance qui peut sembler incongrue vu de l’étranger.

Mais le gouvernement italien a régulièrement condamné l’attitude de Vivendi, et les tensions ont été à plusieurs reprises extrêmement vives entre Rome et le groupe français, même si ce dernier a cherché à apaiser la situation ces derniers mois.

« Vivendi a été un très mauvais actionnaire », avait déclaré en avril le ministre du développement économique Carlo Calenda. « Je suis favorable aux investissements étrangers, mais cela ne veut pas dire rester inerte quand ils [veulent] détruire la valeur plutôt que la créer », avait-il à l’adresse du groupe français, qui s’est aussi mis à dos de l’autre côté de l’échiquier politique les Berlusconi, en raison d’un contentieux autour de Mediaset.

Incertitude sur le poste de directeur général

« Ce n’est pas une victoire conduite par le marché. La CDP contrôlée par le gouvernement a fait la différence en votant pour un fonds, au lieu d’un actionnaire industriel sur le long terme », a déploré Simon Gillham.

La plupart des petits actionnaires, Assogestioni, qui regroupe des fonds italiens, et le grand gestionnaire américain Blackrock ont également soutenu Elliott. Le fonds dénonçait la « mauvaise gestion » du groupe français et estimait nécessaire un CA « indépendant » pour « améliorer la gouvernance et la performance de Tim ».

Entrent au conseil ses dix candidats, des personnalités connues du monde italien des affaires, dont Luigi Gubitosi, administrateur d’Alitalia et ex-directeur général de la télévision publique Rai, et Fulvio Conti, ex-directeur général d’Enel, qui sera le nouveau président de Tim.

L’incertitude demeure en revanche sur qui assumera le poste de directeur général, même si les déclarations de Vivendi laissent entendre qu’Amos Genish pourrait rester en poste. Elliott, qui avait soutenu l’élection au CA d’Amos Genish, désigné avec quasi 98 % des voix le 24 avril, a souhaité qu’il poursuive son mandat. Très apprécié des marchés, qui saluent l’amélioration des résultats de Tim ces derniers mois, M. Genish menait la liste remaniée de Vivendi et avait mis son poids dans la balance, en jugeant sa position « intenable » en cas d’échec de Vivendi.