A l’initiative du député de La France insoumise (LFI) François Ruffin, une manifestation pour faire « la fête à Macron » est organisée samedi 5 mai à Paris. Plusieurs dizaines de milliers de personnes pourraient participer à cette « manifestation pot-au-feu », à laquelle chacun est invité à se rendre avec « ses propres revendications, ses colères mais aussi ses espoirs », selon le député de la Somme.

Commencée en musique place de l’Opéra, avec un pique-nique-concert à partir de midi, la manifestation doit se terminer vers 20 heures avec un autre concert, place de la Bastille.

Quatre chars se mêleront au cortège parisien : le char Jupiter, le char Dracula, le char Napoléon, avec sur chacun d’entre eux une personne grimée en Macron, et enfin un char « résistance », où les manifestants pourront exposer leurs revendications.

Des bus à impériale sont aussi prévus. Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise, prendra la parole sur l’un d’entre eux, le bus « Stop Macron », vers 15 h 30. D’autres personnalités politiques comme Pierre Laurent (PCF), Benoît Hamon (Générations), Olivier Besancenot et Philippe Poutou (NPA) sont attendues.

Un « moment de fraternité tranquille »

Même si la France insoumise n’est pas l’organisatrice de cette manifestation, dont l’idée vient des rangs d’anciens manifestants du mouvement Nuit debout, le parti a largement mis la main à la pâte en affrétant une centaine de cars. Un train militant transportant 200 personnes partira de Toulouse. 500 000 autocollants ont été distribués ainsi que des dizaines de milliers d’affiches et plus d’un million et demi de tracts.

« Le 5 mai sera un grand succès », a affirmé Jean-Luc Mélenchon vendredi, au cours d’une conférence de presse. La veille, sur son blog, il promettait un « moment de fraternité tranquille », l’objectif étant d’« adresser un message clair à (Emmanuel) Macron et aux milieux économiques qui l’entourent, celui de la détermination et de la volonté de ne rien céder ».

Depuis deux jours, le ton est monté entre exécutif et LFI, qui s’accusent mutuellement de « remettre en cause la démocratie ». Ils veulent « tenir un discours d’agitation », « ils n’ont jamais accepté la défaite », « ils aiment la démocratie quand ils gagnent », a accusé le chef de l’Etat, dans une allusion implicite aux Insoumis.

Gérald Darmanin, ministre des comptes publics, a accusé M. Mélenchon de reprendre « des méthodes d’extrême droite », avec une manifestation dont l’intitulé, selon lui, « incite à la violence ».

« Nous sommes absolument pour la non-violence, c’est une ligne stratégique », a répliqué le député de Marseille, en dénonçant le « déchaînement de LREM contre LFI ». « Je suis sûr que la police va faire ce qu’il faut », « on travaille bien » avec elle, « on lui fait confiance ».

2 000 gendarmes et policiers

Le rassemblement se déroulera sous haute surveillance policière après les violences commises en marge du défilé du 1er Mai. Pour éviter de tels débordements, environ 2 000 gendarmes et policiers seront déployés samedi, a annoncé le préfet de police. Ils étaient 1 500 le 1er Mai.

Les organisateurs de la manifestation ont de leur côté prévu deux services d’ordre pour encadrer leur « fête à Macron », programmée « joyeuse et festive ».

D’autres manifestations se dérouleront à Toulouse, Bordeaux, Strasbourg et Rennes. Dès vendredi soir à Nice, des militants LFI, reprenant une tradition du carnaval local, ont organisé un « paillassou », un jeu consistant à faire sauter un pantin dans un drap tenu à plusieurs, pantin à l’effigie d’Emmanuel Macron.

Selon les organisateurs, l’initiative de samedi est une « première étape ». Plusieurs associations, syndicats, partis envisagent une nouvelle journée de protestation le 26 mai. « Un cycle nouveau de mobilisation est en route », s’est félicité M. Mélenchon.