Le Monégasque Sergii Gladyr contre Ludwigsbourg le 4 mai 2018, à Athènes. / ANDREAS PAPAKONSTANTINOU / AFP

Un an après une défaite en demi-finale, les basketteurs de l’AS Monaco joueront dimanche 6 mai à 19 heures la première finale européenne de leur histoire. Les Monégasques affrontent l’AEK Athènes dans la redoutable salle du club grec. Dix-huit mille personnes (en écrasante majorité des supporteurs locaux) sont attendues pour cette finale de la Ligue des champions, qui est généralement considérée comme la troisième des coupes européennes, derrière l’Euroligue et l’Eurocoupe.

Pourtant, il y a encore cinq ans, il semblait un peu fou d’imaginer Monaco dans cette position. Lors de la saison 2013-2014, le club de la principauté se trouvait encore en NM1, le troisième échelon national. Deux ans et deux titres consécutifs de champion de NM1 et Pro B (deuxième division) plus tard, les Monégasques étaient de retour en Pro A.

« Tout le monde a de grands rêves, dit Oleksiy Yefimov, le directeur exécutif du club. Mais il y a trois ou même deux ans, alors que nous n’avions toujours pas joué le moindre match européen, nous ne pouvions pas rêver ou imaginer que nous jouerions la finale d’une compétition européenne devant dix-huit mille personnes, ou devant le prince de Monaco. C’est un petit miracle. »

« L’autre tsar de Monaco »

Ce « miracle », un homme en est à l’origine. Le nouveau président, Sergueï Dyadechko « l’autre tsar de Monaco », comme nous le présentions en 2015, est un homme d’affaires ukrainien dont le « passé charrie son lot d’intrigues, de malversations financières et de balles sifflantes », et qui fut notamment victime d’une tentative d’assassinat en 2012, avant de débarquer sur la côte d’Azur et de racheter le club de basket, en 2013.

Avec lui à sa tête, le club de la principauté a pris une autre dimension. Grâce à son recrutement luxueux, il a rapidement retrouvé l’élite du basket français, et la domine depuis. Depuis trois saisons, Monaco triomphe en saison régulière, même si les phases finales sont encore compliquées à gérer (deux défaites, en demi-finale puis en quarts de finale de playoffs contre l’ASVEL).

« On ne pensait pas que ça irait si vite, concède Alain Béral, président de la ligue nationale de basket. On avait conscience que les choses étaient préparées pour ça, mais on a été un peu surpris. »

Pourtant, si l’on a affaire au « plus gros investisseur de l’histoire du basket en France », comme le décrivait Le Parisien en 2015, les moyens du club monégasque ne sont pas exagérés par rapport à la concurrence, tempère George Eddy, journaliste et commentateur pour Canal Plus.

« Les responsables du club sont surtout de vrais experts du basket européen. Ils connaissent tous les joueurs. Ils savent ce qu’ils font pour gagner au niveau européen, et ils sont en train de le prouver. Ce n’est pas parce qu’il y a trois fois plus d’argent que les autres [le budget et la masse salariale de l’ASM sont les troisièmes du championnat], ou que c’est Monaco… Ce sont surtout des compétences au niveau basket, la bonne utilisation de leur budget et puis de la patience : ils ont gardé le même entraîneur et certains joueurs emblématiques. »

Premier titre européen ?

C’est d’ailleurs ce que retient Oleksiy Yefimov. Malgré un effectif renouvelé à presque 80 % par rapport à la saison passée, comme le souligne George Eddy, les Monégasques ont réussi à conserver « l’esprit » de 2017.

L’année dernière, pour leur première participation à la Ligue des champions, ils avaient participé au Final Four. Eliminés en demi-finale par le club turc de Bandirma, les hommes du Rocher avaient finalement pris la troisième place de la compétition nouvellement créée par la fédération internationale de basket.

Un an plus tard, Monaco est de retour dans ce Final Four et a l’occasion d’aller chercher le premier titre européen de son histoire. « On n’a encore rien fait », rappelait ainsi Sergii Gladyr après la victoire contre Ludwigsbourg (87-65) en demi-finale, vendredi. Après les désillusions de l’an passé, les Monégasques n’ont plus qu’une chose en tête, comme le résume sobrement Oleksiy Yefimov : « Que ce soit en championnat ou en Ligue des champions, le but est de gagner. »