Documentaire sur Histoire à 20 h 40

la bataille d'Alger - trailer-
Durée : 01:03

En 1966 à la Mostra de Venise, nombreux sont les cinéastes de renom à présenter leurs films en espérant remporter le prestigieux Lion d’or. François Truffaut et Robert Bresson, notamment, font partie des favoris. Mais en sacrant le réalisateur italien Gillo Pontecorvo pour La Bataille d’Alger, long-métrage tourné dans des conditions particulières en 1965, le jury provoque un coup de tonnerre et la colère de la délégation française. Le long documentaire signé Malek Bensmaïl revient en détail sur la genèse de ce film qui suscita autant d’enthousiasme que de polémiques.

Tourné trois ans après l’indépendance de l’Algérie, le film de Pontecorvo, adapté du récit de Yacef Saadi, chef de la zone autonome d’Alger pour le FLN (qui y joue son propre rôle), a l’ambition de reconstituer la bataille d’Alger, en 1957. Parachutistes contre réseaux FLN, guérilla, torture, attentats, le long-métrage veut coller au plus près à la réalité.

Pression d’anciens combattants

Des difficultés de financement au choix des acteurs, des surprises du tournage à sa commercialisation à l’étranger, ce documentaire alterne avec efficacité images d’archives et anecdotes. Et fait parler nombre de témoins passionnants : techniciens algériens, proches de Pontecorvo, critiques de cinéma, tous parlent d’une aventure sortant de l’ordinaire. On y apprend que Paul Newman avait été pressenti pour participer à l’aventure. Ou que, profitant de la présence de chars dans les rues d’Alger pour le film, Houari Boumediène avait destitué Ahmed Ben Bella pendant le tournage.

Saadi Yacef et Brahim Haggiag dans « La Bataille d’Alger ». / Histoire

En France, le film sera longtemps interdit. Après quelques tentatives de projection en province en 1970, il est retiré sous la pression d’anciens combattants. A Paris, en 1981, le cinéma Saint-Séverin, qui projette La Bataille d’Alger, est vandalisé. Censuré jusqu’en 2004, le film de Pontecorvo est devenu un symbole de la lutte des peuples opprimés. Mais aussi une bonne leçon pratique à suivre pour les militaires américains, spectateurs attentifs car désireux de mieux connaître les ressorts d’une guerre insurrectionnelle en milieu urbain.

La Bataille d’Alger, un film dans l’Histoire, de Malek Bensmaïl (Fr., 2017, 120 min).