Protestation contre le président du conglomérat sud-coréen Hanjin, propriétaire de la compagnie aérienne Korean Air, et ses filles, à Séoul, le 4 mai. / Kim Hong-Ji / REUTERS

C’est l’histoire d’un verre d’eau qui ébranle un chaebol. La famille fondatrice du conglomérat sud-coréen Hanjin, propriétaire de la compagnie aérienne Korean Air (KAL), est dans la tourmente à cause d’une nouvelle affaire d’abus de pouvoir. Deuxième fille du président Cho Yang-ho et désormais ex-vice-présidente de KAL chargée de la promotion, Cho Hyun-min était interrogée mercredi 2 mai par la police pour avoir jeté en mars un verre d’eau à la tête d’un cadre d’une agence de publicité dans un accès de colère.

Ses excuses n’ont pas permis d’étouffer l’affaire et Mme Cho cherche aujourd’hui à limiter les charges retenues contre elle. Elle affirme avoir jeté un verre d’eau en papier et non en verre. La différence est importante pour éviter les circonstances aggravantes.

« En tant que président de Korean Air et que chef de famille, je ne peux qu’avoir honte du comportement immature de ma fille », a réagi M. Cho.

Vive colère

Le problème pour la famille Cho est que la sœur aînée de Hyun-min, Hyun-ah, avait fait scandale en 2014 en s’en prenant violemment à l’équipage d’un vol KAL car elle n’avait pas apprécié la manière dont lui avaient été servies des noisettes. Elle était alors responsable des services en cabine de la compagnie. Jugée et condamnée, celle qui avait hérité du sobriquet de « princesse des noisettes » avait été réintégrée début 2018 à la compagnie aérienne, prenant la présidence de la filiale chargée de l’hôtellerie.

Avec le nouveau scandale, les deux filles ont été définitivement renvoyées et M. Cho a promis de revoir l’organigramme de la compagnie. L’affaire a suscité un vif mécontentement au sein d’une population toujours sensible au comportement des familles dirigeant les chaebols et notamment aux affaires de « gapjil », les abus de pouvoir. L’affaire des noisettes avait fait perdre pendant quelques mois à KAL sa place de compagnie numéro un en Corée du Sud.

La colère est d’autant plus vive que les enquêtes en cours laissent penser que l’épouse de M. Cho aurait également maltraité du personnel de KAL. Et la famille entière pourrait être impliquée dans l’importation illégale de produits de luxe et d’aliments interdits comme de la charcuterie, sans payer les droits de douane, en utilisant les avions de la compagnie. Un crime passible de cinq ans de prison.