Téléfilm sur TV5 Monde à 21 h 00

la vie a l'envers extrait 1
Durée : 01:00

Suffisamment espacés les uns des autres pour tromper leur monde, les premiers symptômes interrogent plus qu’ils n’inquiètent. Quand leur mère, Nina (Marthe Keller), 68 ans, commence à montrer quelques signes de décrochage avec la réalité, Odile (Pascale Arbillot), Claire (Isabelle Carré) et Julie (Barbara Schulz), ses trois filles, n’échappent pas à ce schéma.

Mais alors, à quel moment les choses vont-elles devenir sérieuses ? Les soucis réels ? La gravité du pronostic imminent ? Eh bien, paradoxalement, au moment où les dérapages de Nina deviennent hilarants. Quand elle offre 30 000 euros au parti de Mélenchon, qu’elle se met à vanter auprès des voisins de son immeuble les plaisirs de la fellation, qu’elle remplit ses placards de boîtes de sardines à l’huile… autant d’informations que les trois sœurs découvrent au fil des semaines. Des informations qui finissent par mener à l’évidence – Nina est atteinte de la maladie d’Alzheimer –, sans pour autant changer le ton du film, ni cet équilibre tragicomique mis en place dès le début par sa réalisatrice et scénariste, Anne Giafferi.

Petit théâtre névrotique

Auteure notamment du téléfilm Des frères et des sœurs (2014) et du film Ange et Gabrielle (2015), Anne Giafferi a également créé avec Thierry Bizot la série Fais pas ci, fais pas ça, sur France 2. C’est dire si elle sait rendre compte de la vie de famille, raconter et mettre en scène ce petit théâtre névrotique où s’expriment tous les excès. Dans La Vie à l’envers, elle ne se départ pas de ce savoir-faire. De cette plume et de cette caméra qui ne s’attardent pas, qui ne cherchent ni à démontrer ni à tenir un quelconque discours. Alzheimer n’est pas son propos.

De gauche à droite, Barbara Schulz, Marthe Keller, Pascale Arbillot et Isabelle Carré, | SCARELLA / SCARELLA Gilles/FTV

Ce qui importe à la réalisatrice, en revanche, c’est de saisir ce que cette maladie entraîne au quotidien dans la vie de ces trois sœurs et de leur mère, les défenses que chacune met en place pour faire face, les moments de franche rigolade et les remises en question qu’elle provoque.

Le film tout entier, et jusqu’à sa (presque) fin, repose sur cet effet de balancier qui jamais ne bascule d’un côté (le drame qui recadre la vie de chacune) ou de l’autre (l’humour qui sauve du chagrin). Parce que, au fond, ainsi va la vie.

La Vie à l’envers, d’Anne Giafferi. Avec Marthe Keller, Pascale Arbillot, Isabelle Carré, Barbara Schulz (Fr., 2014, 90 min).