Le producteur portugais Paulo Branco lors d’une conférence de presse à Cannes, le 9 mai 2018. | ERIC GAILLARD/REUTERS

Le Festival de Cannes a gagné son bras de fer contre Paulo Branco. Le film du réalisateur britannique Terry Gilliam, L’Homme qui tua Don Quichotte, pourra bien être projeté en clôture de la manifestation cannoise, hors compétition, samedi 19 mai. Le tribunal de grande instance de Paris examinait, depuis lundi 7 mai, une requête en référé de la part du producteur portugais et de sa société Alfama films qui considérent que leurs « droits exclusifs » sur ce film ne sont pas respectés. Le TGI a finalement décidé, mercredi 9 mai, d’autoriser le Festival à montrer au public le film que l’ex-Monthy Python aura mis près de trente ans à réaliser.

Le 24 avril, l’avocat Juan Branco, fils de Paulo Branco, avait dénoncé « un passage en force » de la part de Thierry Frémaux et Pierre Lescure, le délégué général et le président du Festival, qui se sont clairement engagés en faveur du film.

« L’ego de monsieur Gilliam et de monsieur Frémaux »

Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue sur le stand de sa société au sous-sol du Palais des festivals, Paulo Branco a indiqué qu’il ne ferait pas appel de la décision mais se réserve le droit d’attaquer le Festival de Cannes pour les préjudices que pourraient coûter cette projection à Alfama Films. Et de préciser que cette décision ne régle en rien « le fond » du litige entre Alfama films, Terry Gilliam, ses producteurs (RPC, Kinology, Entre Chien et Loup et Tornasol) et son diffuseur (Océan Films). Paulo Branco estime que la décision du jour ne concerne que « l’ego de monsieur Gilliam et de monsieur Frémaux ».

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Saisie sur le fond, la justice française rendra en effet un jugement en appel le 15 juin. En première instance, en mai 2017, le TGI s’est prononcé en faveur de M. Branco sur le fait que la rupture du contrat entre Terry Gilliam et son producteur n’était pas justifiée. Une rupture réalisée en août 2016 à l’initiative du réalisateur qui estimait que les conditions imposées par M. Branco ne lui permettaient pas de monter le film qu’il portait depuis si longtemps. Et c’est là que se niche le nœud de cet incroyable imbroglio juridique, comme l’avait révélé Le Monde le 3 avril.

Contrat toujours valide

Pour la défense de Paulo Branco, le contrat entre les deux parties est donc toujours valide, et les droits qui y sont associés, également. « J’ai engagé plus de 700 000 euros pour que ce film existe, je veux que ma place de producteur soit reconnue », estime aujourd’hui Paulo Branco. Les producteurs et le distributeur du film estiment au contraire que M. Branco « n’est pas et ne sera jamais le producteur [du] film ».

Reste la question de la sortie en salle de L’Homme qui tua Don Quichotte, prévue également le 19 mai. Le CNC qui doit délivrer un visa d’exploitation pour le film attendait la décision de la justice. Si pour Paulo Branco, « le film ne sortira pas car la chaîne des droits n’est pas respectée », la projection cannoise est une étape importante pour la carrière commerciale du film.

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