Documentaire sur France 3 à 20 h 55

Animation réalisée par Olivier Patté & le collectif « Souviens Ten-Zan ». / FRANCE 3

Ils avaient une dizaine d’années pendant l’Occupation. Ils ont vécu ce que des enfants ne sont pas censés vivre. Qu’il s’agisse de bombardements, de déportations, d’emprisonnements, de privations en tous ­genres, d’angoisses permanentes, beaucoup portent encore les stigmates des traumatismes passés.

Lors de la deuxième guerre ­mondiale, des dizaines de milliers d’enfants vagabonds, orphelins ou abandonnés, se sont mis à errer dans les villes françaises, en quête de quoi survivre. D’autres, couvés par leur mère, n’ont pas compris pourquoi leur père, prisonnier de guerre, avait subitement disparu.

Ce documentaire poignant, primé lors de la dernière édition du Festival des créations télévisuelles de Luchon, est riche d’archives d’époque inédites, filmées notamment dans des écoles. Il rappelle également avec précision les nombreuses mesures, punitives ou non, prises par le régime de Vichy en direction d’une jeunesse « pas encore sclérosée ».

Image issue de « 39-45 : la guerre des enfants ». / CPB FILMS

La grande force du film de ­Michèle Durren et Julien Johan tient pour beaucoup dans les ­paroles recueillies auprès de ces ­enfants de la guerre, parisiens et provinciaux, juifs ou non, issus de familles modestes ou plus aisées. Leurs témoignages sont parfois terribles, l’émotion toujours vive. Agé de 14 ans en 1940, Massin a vu les bombardiers allemands ­fondre sur son école. Il survit ­miraculeusement : « Mon imperméable était couvert de morceaux de chair ! » Tomi, 9 ans en 1941, se rappelle son école alsacienne à l’heure allemande : « Chaque heure de cours débutait par un chant nazi et un triple salut au Führer. Mon premier devoir, c’était : dessine un juif. Je ne savais pas ce que c’était ! J’ai passé quatre ans avec trois identités : française à la maison, alsacienne dans la rue, allemande en classe. Cela vous ronge, on ne s’en remet pas… »

La richesse des témoignages souligne la multiplicité des ­expériences vécues par ces enfants ­durant l’Occupation. Actes de ­bra­voure, peur panique, expériences carcérales douloureuses, excitation des combats dans le maquis, difficultés du retour à une vie normale, tout est ­complexe. Déportée à Bergen-Belsen à 11 ans, Francine est revenue par miracle de l’enfer sur terre. « On ne sort jamais indemne d’une ­enfance ravagée par la guerre », ­résume-t-elle.

39-45 : la guerre des enfants, de Michèle Durren et Julien Johan (France, 2017, 90 min).