R. Kelly en juin 2013. / Frank Micelotta / Frank Micelotta/Invision/AP

Le groupe suédois de musique en ligne Spotify a annoncé avoir retiré la musique de l’artiste R. Kelly de ses playlists, jeudi 10 mai, citant sa nouvelle charte sur les contenus et les comportements haineux. Cette décision a été prise dix jours après l’appel du mouvement Time’s Up à « couper les ponts » avec le chanteur, accusé de violences sexuelles depuis plusieurs années.

Il s’agit du premier cas de l’application de la nouvelle charte de Spotify, qui se réserve désormais la possibilité de modifier l’exposition d’un artiste sur sa plate-forme en fonction de critères sans rapport avec sa musique.

La plate-forme se défend toutefois de « censurer du contenu en raison de la conduite d’un artiste ou d’un créateur. Mais nous voulons que nos décisions éditoriales — ce que nous choisissons de programmer — reflètent nos valeurs. Ainsi, dans certaines circonstances, lorsqu’un artiste ou un créateur fait quelque chose de particulièrement dangereux ou haineux (par exemple, la violence envers les enfants et la violence sexuelle), cela peut affecter nos façons de travailler ou de soutenir cet artiste ou ce créateur », a expliqué un porte-parole de Spotify.

La musique de R. Kelly sera toujours disponible sur Spotify, mais elle n’apparaîtra plus dans les playlists générées par la plate-forme et dans les propositions faites aux utilisateurs sur la base d’algorithmes. La charte s’appliquera aux chansons que R. Kelly interprète en solo ou avec d’autres artistes, comme Same Girl, qu’il a écrite pour Usher. Mais les chansons qu’il a écrites pour d’autres artistes, comme Michael Jackson, ne seront pas concernées.

Accusé de violences sexuelles

R. Kelly, de son vrai nom Robert Sylvester Kelly, est accusé depuis des années de violences sexuelles envers des femmes, même s’il s’en défend et qu’il n’a jamais été condamné. Le chanteur et producteur de 51 ans, auteur du hit I Believe I Can Fly, avait également été inculpé pour pornographie impliquant des mineurs en 2002, mais acquitté en 2008.

Selon une enquête publiée en juillet 2017 par le site d’information Buzzfeed, le chanteur a aussi été accusé d’avoir des quasi-esclaves sexuelles à ses domiciles de Chicago et d’Atlanta, même si les allégations publiées, démenties par le chanteur, n’ont débouché sur aucune inculpation.

Une plainte a par ailleurs été récemment déposée contre lui auprès de la police de Dallas par une femme qui affirme qu’il l’a infectée d’une maladie sexuellement transmissible sans l’avoir prévenue qu’il en était porteur. Une enquête a été ouverte en avril.

D’autres chanteurs rayés des playlists

La décision de Spotify a été saluée par le mouvement #MuteRKelly (« faites taire R. Kelly »), qui a appelé à « couper les ponts » avec le chanteur. « Il est important que ceux qui commercialisent le travail d’artistes problématiques s’accordent, en fin de compte, avec les valeurs collectives de leur entreprise », écrit-il dans un communiqué. Nous trouvons que cette décision de Spotify est une victoire, et ce n’est qu’une étape de plus dans notre mission de faire taire R. Kelly. »

R. Kelly n’est pas le seul artiste a avoir été rayé des playlists de Spotify. La musique du rappeur XXXtentacion, qui doit être jugé pour avoir battu sa compagne, enceinte, a également été retirée. D’autres pourraient suivre, comme Chris Brown, qui a plaidé coupable de coups sur son ex-compagne Rihanna quelques années plus tôt.