« L’administration du président Donald Trump a discrètement tué le Carbon Monitoring System (CMS) », un programme de la Nasa destiné à surveiller dans l’atmosphère le dioxyde de carbone et le méthane considérés comme contribuant au réchauffement de la planète. Confirmant une information de la revue Science, jeudi 10 mai, un porte-parole de l’agence spatiale a qualifié cette décision de « dernière attaque d’envergure [en date] contre la science climatique » opérée par la Maison Blanche.

Le programme CMS, d’un montant de 10 millions de dollars par an, cherche les sources d’émission et les puits de dioxyde de carbone, et créé des modélisations en haute résolution des flux de ce gaz à effet de serre sur la Terre, explique la revue américaine. Selon Science, la Nasa « a refusé de fournir une raison à cette annulation autre que des contraintes budgétaires et des priorités plus pressantes au sein du budget scientifique ».

La revue a cité également Steve Cole, un porte-parole de la Nasa, soulignant qu’il n’était fait mention du CMS nulle part dans le budget adopté en mars par le Congrès américain ce qui « a permis à l’initiative de l’administration d’entrer en vigueur ».

Un président sceptique sur le changement climatique

Le porte-parole a précisé jeudi soir à l’Agence France-Presse (AFP) que le président américain avait proposé l’an dernier de supprimer le programme CMS ainsi que quatre autres missions scientifiques de la Nasa. Selon lui, après de longues délibérations, le Congrès a décidé de préserver le financement des quatre missions mais comme le CMS n’était pas mentionné, il a été supprimé. Il a décrit ce processus comme une collaboration entre les parlementaires et l’exécutif. Les subventions déjà allouées vont être honorées mais aucune nouvelle étude ne sera lancée, a-t-il précisé.

Le président américain s’est toujours montré sceptique concernant le changement climatique parlant même, avant son élection, d’une « invention » de la Chine. Il a déjà annulé une autre mission scientifique de surveillance de la Terre, le Orbiting Carbon Observatory 3 (OCO-3), et annoncé le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat signé fin 2015.

D’après Kelly Sims Gallagher, directrice du Centre de politique internationale sur l’environnement et les ressources de l’université américaine Tufts, la suppression du CMS menace les efforts de vérification du niveau national de réduction des gaz à effet de serre pris dans le cadre de cet accord. « Si on ne peut pas mesurer les réductions des émissions, on ne peut pas avoir confiance dans le fait que les pays se conforment à l’accord », a-t-elle dit à Science. Supprimer le CMS est « une grave erreur ».