Le siège de la Cour suprême à Washington, le 23 avril 2018. / Jessica Gresko / AP

La Haute Cour a donné raison au New Jersey, Etat qui se bat depuis 2010 pour obtenir le droit d’organiser des paris sportifs et dont les casinos, sinistrés économiquement, sont concentrés à Atlantic City.

La décision de la Cour suprême ouvre la voie à un marché estimé à des dizaines de milliards de dollars. Au moins 18 Etats pourraient légaliser les paris sportifs. Les Américains, inventeurs des machines à sous et des casinos géants, vont donc pouvoir, dans leur grande majorité, découvrir tout un nouvel univers du jeu, tandis que les Etats vont pouvoir bénéficier d’une manne financière importante sous forme de taxes.

Les « sages » de la plus haute juridiction américaine ont estimé, à 6 contre 3, que la loi de 1992 en vigueur était contraire à la Constitution. Voté en 1992, le Professional and Amateur Sports Protection Act (surnommé le « Bradley Act ») avait banni les paris sur les sports professionnels ou universitaires, sauf dans les quatre Etats où ils existaient déjà (Nevada, Delaware, Montana, Oregon).

Le Congrès avait adopté cette législation en estimant que les paris menaceraient l’intégrité des rencontres sportives. Le texte avait été défendu par le sénateur Bill Bradley, une ancienne vedette de basket-ball, au nom de la protection de la jeunesse. « Les paris sportifs sous l’égide des Etats véhiculeraient le message que, dans le sport, l’argent est plus important que le dépassement de soi et l’esprit sportif », avait affirmé l’élu démocrate.

Les quatre principales fédérations sportives, la NFL (football américain), la NBA (basket), la MLB (baseball) et la NHL (hockey sur glace) avaient aussi soutenu ces restrictions.

Vers la fin des paris clandestins ?

Le texte était depuis quelques années confronté à de vives critiques. Devenu gouverneur du New Jersey en 2010, Chris Christie (républicain) avait entamé une lutte de longue haleine contre le texte, essuyant des revers systématiques devant les tribunaux.

Donald Trump, confronté aux difficultés financières de ses établissements de jeu à Atlantic City, avait lui aussi fait campagne contre cette loi, en considérant que les paris sportifs pourraient lui offrir une planche de salut.

« Un grand jour pour le droit des Etats et le droit de leurs populations à décider par elles-mêmes », a rapidement réagi, lundi, M. Christie sur Twitter.

Les opposants au texte plaidaient pour une approche pragmatique, alors que les jeux d’argent via les casinos et les loteries sont déjà largement implantés aux quatre coins des Etats-Unis. « Les paris sportifs existent, [mais] ils sont illégaux », avait, par ailleurs, affirmé Theodore Olson, l’avocat du New Jersey. En effet, les paris sportifs clandestins représentent aujourd’hui un marché annuel de 150 milliards de dollars, selon l’American Gaming Association.

Une défaite pour les opposants religieux

La décision de la Cour suprême est, en revanche, un échec pour des groupes religieux chrétiens et musulmans, qui avaient adressé aux juges des argumentaires contre l’extension des paris sportifs en Amérique.

Les experts avaient toutefois relevé que, derrière le blocage sur les principes, les lignes bougeaient. Les fédérations sportives américaines, au fait des enjeux monétaires, sont apparues de moins en moins opposées aux paris sportifs. En novembre 2014, Adam Silver, le commissaire général de la NBA, avait notamment publié une tribune préconisant un virage complet sur la question.