Les mots nouveaux du dictionnaire décortiquent tous les aspects de la société. / CC BY 2.0 / Flickr/Tim Green aka atoach

Avant la parution du Robert illustré, le 19 mai, et du Petit Larousse, le 23 mai, les deux principaux dictionnaires ont donné lundi 14 mai un avant-goût des mots qui feront leur entrée dans leur édition 2019.

Les mots nouveaux du dictionnaire décortiquent tous les aspects de la société. Concernant le lexique politique, la campagne présidentielle de 2017 aura introduit de nouvelles expressions. Ainsi, les mots « dégagisme » (rejet de la classe politique en place) et « antisystème » (qui s’oppose au système en place), font leur entrée dans Le Petit Robert, tout comme le « revenu universel », cher à Benoît Hamon, ou encore le « cabinet noir », dénoncé par François Fillon. Le Petit Larousse nous invite quant à lui à méditer sur la « démocrature » (une démocratie dirigée de façon autoritaire).

La définition ambiguë de « frotteur »

A la suite des « réactions provoquées à l’automne par les révélations de l’affaire Weinstein », Le Robert 2019 a notamment introduit les expressions de « violences faites aux femmes », d’« écriture inclusive », ou encore de « charge mentale ».  Si le terme de « frotteur » (défini comme une « personne, souvent homme, qui recherche les contacts érotiques à la faveur de la promiscuité des transports en commun ») rejoint lui aussi la liste des mots nouveaux de 2019, sa définition passe sous silence la notion de délit puni par la loi.

Interpellé sur Twitter par la journaliste Alice Coffin et par Rebecca Amsellem, fondatrice de la newsletter Les Glorieuses, Le Robert a reconnu « être conscients que la définition de ce nouveau sens » était « trop implicite », et a promis que les « lexicographes [allaient] la retravailler pour la prochaine édition avec l’ajout de notions importantes de non-consentement et d’agression sexuelle ».

« Rageux » et « rançongiciel »

Le multimédia apporte aussi son lot de nouveautés avec, comme le note Le Robert, des mots comme « autocomplétion » (une fonctionnalité proposant des mots à partir des premiers caractères tapés sur son clavier), « webminaire » (séminaire en ligne) ou le déplaisant « rageux » (plus connu sous le nom de « troll »). Avec Le Petit Larousse on peut « liker » (apprécier) des « vlogs » (blog diffusant des vidéos). Attention cependant à ne pas être victime d’un « rançongiciel » (logiciel malveillant) mettent en garde les deux dictionnaires.

La francophonie vient également alimenter le réservoir de nouvelles expressions. On peut désormais « prendre une brosse » (s’enivrer au Canada) ou bien « ébriquer » (casser en Suisse) tout ce qui nous tombe sous la main. Qu’on ne se plaigne pas alors si on se fait « azorer » (gronder en Suisse). L’important est de rapporter tous ses détritus à l’« écocentre » (déchetterie au Canada), explique Le Petit Robert. Les « gougounes » (les tongs au Québec) et les « pet-de-sœur » (pâtisserie au Canada) viennent désormais côtoyer les verbes « cadeauter » (offrir un cadeau en Afrique francophone) et « gouttiner » (pleuvoir légèrement en Belgique).

Neymar et Pesquet sélectionnés

S’agissant de gastronomie, le « bredele » (gâteau alsacien) fait son entrée, accompagné du « ristretto » (café serré), et des « teriyaki » (viande ou poisson grillé et mariné) ou « gomasio » (condiment au sel marin et sésame grillé) japonais. Restera-t-il de la place pour la « pavlova » (gâteau meringué garni de crème chantilly et de fruits)?

Du côté des noms propres, le footballeur brésilien Neymar et l’écrivaine Chantal Thomas entrent dans Le Robert illustré et l’athlète handisport Marie-Amélie Le Fur et la cheffe Hélène Darrroze sont consacrées par Le Petit Larousse. Le Prix Nobel de littérature britannique Kazuo Ishiguro et le spationaute français Thomas Pesquet ont, eux, l’honneur de figurer dans les deux dictionnaires.