LES CHOIX DE LA MATINALE

Dans une salle de concert, en plein air ou dans votre salon, notre sélection musicale se prête à toutes vos envies.

OPÉRA : trois « Nabucco », à Montpellier, Lille et Nice

Visuel de la production de « Nabucco », présentée du 18 au 24 mai à l’opéra de Nice. / DR-OPERA-NICE.ORG

Trois Nabucco, sinon rien, semble dire le calendrier lyrique de cette semaine, qui propose simultanément dans trois opéras de France – Montpellier, Lille et Nice – le chef-d’œuvre verdien créé à La Scala de Milan en 1842. On connaît l’impact du fameux « Va pensiero », chœur des Hébreux, esclaves du roi de Babylone Nabuchodonosor (Nabucco pour les intimes), à qui les Italiens, alors sous occupation autrichienne, ne pouvaient manquer de s’identifier.

C’est à Montpellier que revient de donner le coup d’envoi pour trois dates, du 15 au 20 mai, une production signée John Fulljames avec les troupes maison sous la direction de Michael Schonwandt. Lille lui emboîte le pas dès le lendemain. Pas moins de huit représentations, du 16 mai au 6 juin, pour cette nouvelle production confiée à la metteuse en scène Marie-Eve Signeyrole (qui a d’ailleurs débuté à Montpellier), la direction musicale de l’Orchestre national de Lille étant assurée par le verdien Roberto Rizzi-Brignoli. La dernière à dégainer sera la scène niçoise, du 18 au 24 mai, quatre soirs pour courir entendre Raffaella Angeletti, Julie Robard-Gendre et Serguei Murzaev, mis en scène par Jean-Christophe Mast, l’Orchestre philharmonique de Nice se retrouvant dans la fosse avec György G. Rath. Marie-Aude Roux

Opéra national de Montpellier-Le Corum (Hérault). Du 15 au 20 mai. Tél. : 04-67-60-19-99. De 24 € à 67 €. Opéra de Lille (Nord). Du 16 mai au 6 juin. Tél. : 03-62-21-21-21. De 5 € à 71 €. Opéra de Nice (Alpes-Maritimes). Du 18 au 24 mai. Tél. : 04-92-17-40-79. De 5 € à 86 €.

UNE REVUE : « Jazz Magazine », spécial 1958-1968

Couveture de « Jazz magazine », n° 705, mai 2018. / DR

Pour son numéro de mai, le mensuel Jazz Magazine se met, non pas à l’heure du cinquantenaire de Mai-68 mais plus globalement à celle de la décennie 1958-1968, avec un dossier spécial qui porte en surtitre « de la folie hard-bop à la révolte free ». En 24 pages, est d’abord évoqué le premier voyage en Europe des Jazz Messengers du batteur Art Blakey, avec séjour parisien à L’Olympia et au Club Saint-Germain, puis les années 1960 du saxophoniste Barney Wilen, suivies d’une rencontre avec le pianiste François Tusques, « acteur majeur des avant-garde du jazz – mais pas que – de la scène française », des souvenirs de concerts du journaliste Pascal Anquetil, à jamais marqué par ses premières fois avec Stevie Wonder, The Beatles, Gerry Mulligan, Horace Silver, Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, Duke Ellington, Ray Charles, John Coltrane, Thelonious Monk… d’un panorama de « l’âge d’or » du saxophoniste Archie Shepp, jusqu’à cette fameuse année 1968, celle des « musiques en transition ». Dans le même numéro, un hommage au pianiste Cecil Taylor, mort le 5 avril, un au saxophoniste Nathan Davies, mort le même jour, une rencontre avec le contrebassiste François Moutin, une autre avec le romancier Douglas Kennedy, à propos de sa passion « érudite pour le jazz », et plus de 70 chroniques de disques. Sylvain Siclier

« Jazz magazine », no 705, mai 2018, 100 p., 6,90 € kiosques et site Internet Jazzmagazine.com/.

UNE VIDÉO : « This Is America », de Childish Gambino

Childish Gambino - This Is America (Official Video)
Durée : 04:05

Sans conteste, This Is America est la vidéo-choc du moment qui agite la Toile. Mis en ligne le 5 mai sur YouTube, le clip de l’Américain Childish Gambino cumule en une semaine déjà plus de 60 millions de visionnages. Il faut dire que la crudité de la violence qui en émane est inhabituelle sur ce support. Dès la première minute, un plan-séquence tourné dans un hangar filme un homme noir froidement abattu d’une balle dans la tête par Childish Gambino. Lors de la scène suivante, ce dernier mitraille sans état d’âme un chœur d’église composé de chanteurs noirs. Les séquences sont entrecoupées de moments festifs déroutants, avec des collégiens. Mais en arrière-plan, on voit bien des émeutes, le chaos gronde. Le film d’une durée de 4 minutes, réalisé par le Californien Hiro Murai (David Guetta, St. Vincent, Massive Attack) ne laisse évidemment pas indifférent. Loin d’être un condensé de violence gratuite, This Is America dénonce les travers de l’Amérique d’aujourd’hui : le lobby des armes à feu, le racisme, le système pénal, les violences policières, l’hyperconsommation…

Autant de messages et de références que les réseaux sociaux se sont empressés de commenter et décrypter, tout autant que des médias américains, dont notamment The New Yorker, New York Times, Dazed & Confused… La plus évidente, la fusillade du chœur gospel, renvoie à un fait divers tragiquement célèbre, en 2015, la tuerie d’une église épiscopale de la communauté noire à Charleston (Caroline du Sud). Tour à tour rappeur et danseur à l’écran, le Californien Donald Glover, alias Childish Gambino, 34 ans, a déjà publié trois albums depuis 2010, oscillant entre rap et funk. Et comme si cela n’était pas suffisant, l’homme est aussi humoriste, acteur dans des séries télévisées et des blockbusters hollywoodiens (Spiderman, et prochainement un préquel de Star Wars), scénariste, réalisateur et producteur. Une multitude de cordes à son arc mises à profit dans cet impressionnant This is America.

« Je n’ai jamais séparé ma carrière d’acteur de celle de rappeur ou de scénariste, confiait-il dans un entretien au Monde en 2014. Pour moi, le rap est la forme artistique la plus libre, et peut-être la plus complète : j’y joue un personnage, j’invente un scénario et je compose ma bande-son. » Nous n’avons certainement pas fini d’entendre parler de ce personnage. Franck Colombani

DEUX FESTIVALS :

  • Musique action, à Vandœuvre-lès-Nancy, du 14 au 21 mai

Visuel du festival Musique action 2018. / STUDIO PUNKAT / HUGO ROUSSEL

Mort le 19 novembre 2016 à l’âge de 61 ans, le guitariste Dominique Répécaud était le directeur du festival Musique action et de son lieu principal, le Centre culturel André-Malraux à Vandœuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle). Dans l’éditorial de la 34e édition du festival, prévue du 14 au 21 mai, il est précisé qu’elle aura été « la dernière à avoir été rêvée par Dominique Répécaud ». Expositions, pièces de théâtre, projections et musiques (contemporaines, improvisées, free, expérimentales, rock ou jazz, etc.), avec notamment Françoise Klein, le duo Kristoff K. Roll (J-Kristoff Camps et Carole Rieussec), les groupes Slapp Happy et Faust (le 18 mai, à L’Autre Canal), le collectif Azeotrope, Tony Conrad, Jérôme Noetinger, Lê Quan Ninh, L’Oreille interne, le pianiste compositeur et plasticien Charlemagne Palestine, la compagnie Virgule flottante… S. Si.

Musique action au Centre culturel André-Malraux-Scène nationale, rue de Parme, Vandœuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle) et diverses salles proches. Tél. : 03-83-56-15-00. 17 €, forfait 6 spectacles 54 €, forfait week-end (18 au 21 mai) 50 €.

  • Art Rock, à Saint-Brieuc, du 18 au 20 mai

Affiche du festival Art Rock, à Saint-Brieuc. / DR

Exposition, danse et musique (beaucoup, plutôt pop-rock-chanson) sont les trois disciplines mises en valeur par le festival Art Rock, à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) – avec en plus un espace gastronomique, qui permet de goûter à prix très raisonnable à des repas et plats plus élaborés que ceux de l’ordinaire festivalier. Le Groupe Emile Dubois/Compagnie Jean-Claude Gallotta présentera son spectacle My Ladies Rock ; une exposition est consacrée à Philippe Decouflé et à la Compagnie DCA (jusqu’au 27 mai au Musée de Saint-Brieuc), une autre à des autoportraits d’artistes, une autre encore à des pochettes de disques, une autre enfin au photographe Titouan Massé. Pour la musique, deux scènes en plein air, proches, et celle de La Passerelle, attendent notamment Mat Bastard, Django Django, Vald, le groupe historique de la new wave française Marquis de Sade (le 18 mai, première date de quelques passages festivaliers), Ichon, The Red Goes Black, General Elektriks, Lee Fields, Camille, Catherine Ringer, Jungle, Denner, The Buttertones, Evergreen, Hollysiz, Seun Kuti, Orelsan, Concrete Knives, Idles. S. Si.

Art Rock, à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Du 18 au 20 mai. De 13 € à 16 € (La Passerelle), 36 €, forfait jour tous lieux 42 €, forfait 3 jours Grande Scène et Scène B, 72 €.

UN CONCERT : le contrebassiste Géraud Portal au Duc des Lombards, à Paris, les 14 et 15 mai

Géraud Portal Sextet "Let My Children Hear Mingus" Extrait 1
Durée : 04:15

Le disque du contrebassiste Géraud Portal, un double album, s’intitule Let My Children Hear Mingus (Jazz Family/Socadisc). Le répertoire, dix compositions du contrebassiste Charles Mingus, dont The Shoes of the Fisherman’s Wife Are Some Jive Ass Slippers, qui justement figurait dans l’album Let My Children Hear Music, de Mingus en 1972, avec orchestre très fourni. Cette évocation de Mingus, très exacte, apte en formation réduite à rendre toute la force expressive, la sophistication des arrangements mingusien, en croisements, entrelacs des instruments, qui donnent un son d’ensemble dense, a été enregistrée au Duc des Lombards, à Paris, les 15 et 16 décembre 2017. Avec Géraud Portal, les saxophonistes César Poirier, à l’alto, et Luigi Grasso, au baryton, ce qui donne une couleur particulière, le trompettiste Quentin Ghomari, le pianiste Vahagn Hayrapetyan et le batteur Kush Abadey. Tous seront à nouveau, les 14 et 15 mai au Duc des Lombards, pour rappeler la musique toujours vive de Mingus, de Moanin’ (tiré de l’album Blues and Roots, 1959) à Oh Lord Don’t Let Them Drop That Atomic Bomb on Me (tiré d’Oh Yeah, 1961), du rare Duke’s Choice (composition créée dans A Modern Jazz Symposium of Music and Poetry, 1957) au célèbre Haitian Fight Song (dans The Clown, 1957). S. Si.

Duc des Lombards, 42, rue des Lombards, Paris 1er. Mo Châtelet-Les Halles. Tél. : 01-42-33-22-88. Lundi 14 et mardi 15 mai, à 19 h 30 et 21 h 30. De 21 € à 28 € ; formules avec boisson et restauration de 37 € à 80 €.