Le palais de justice de Dakar, en juillet 2015. / SEYLLOU / AFP

Des peines allant de cinq ans de prison à la réclusion à perpétuité ont été requises lundi 14 mai à Dakar contre de présumés djihadistes poursuivis pour « actes de terrorisme » et qui, selon l’accusation, voulaient installer des bases arrières dans le sud du Sénégal afin de déstabiliser la région. La peine maximale, les travaux forcés à perpétuité, a été requise à l’encontre de celui que le procureur Ali Ciré Ndiaye a décrit comme « l’idéologue » du projet, Makhtar Diokhané, et contre dix autres des vingt-huit accusés, dont le procès placé sous haute sécurité avait démarré le 9 avril.

Lors de son réquisitoire de plus de 4 heures, le procureur a réclamé une peine de trente ans de travaux forcés contre un imam de Kaolack (centre), célèbre au Sénégal, Alioune Ndao, qu’il a accusé d’être le « coordonnateur » du groupe.

Le représentant du ministère public a demandé l’acquittement de huit prévenus et réclamé des peines de « cinq à dix ans » de prison et de quinze et vingt ans de travaux forcés contre les autres accusés dans ce qui constitue le plus important procès pour terrorisme au Sénégal par le nombre de prévenus.

Des « preuves accablantes »

La trentaine d’accusés, dont trois femmes, sont poursuivis pour « actes de terrorisme par menaces d’attentat », « association de malfaiteurs, financement du terrorisme, blanchiment de capitaux » et « apologie du terrorisme », « détention d’armes sans autorisation ». Les plaidoiries sont prévues à partir de jeudi. Il leur est reproché d’avoir voulu installer des bases djihadistes dans le sud et le sud-est du Sénégal et d’avoir envisagé d’ensuite étendre leur projet à des pays voisins tels que la Gambie, la Guinée et la Guinée-Bissau.

« Makhtar Diokhané est en réalité l’idéologue de ce projet » visant à « perpétrer des attaques sur le sol de notre cher Sénégal » et « l’imam Ndao était le coordonnateur de ce projet (…), prêt à diriger les actions qu’allaient poser Diokhané et ses partisans de retour du Nigeria », a affirmé le procureur Ndiaye. Selon lui, certains des prévenus ont séjourné dans les rangs de Boko Haram au Nigeria et d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) dans le nord du Mali. Ils y ont notamment appris le maniement des armes, la conduite de chars de combat et l’utilisation d’explosifs, selon l’accusation.

Le financement des attaques prévues sur le sol sénégalais a été assuré notamment par un Sénégalais basé en Arabie saoudite et par le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, a dit M. Ndiaye. « Nous pouvons être amenés à croire que notre pays n’a rien à voir avec le terrorisme », mais « le Sénégal l’a échappé belle », a dit M. Ndiaye, parlant de « preuves accablantes » contre des accusés.

Pays réputé pour sa tolérance religieuse, le Sénégal compte plus de 90 % de musulmans, adhérant pour la plupart à l’islam soufi, représenté par différentes confréries. Il a jusqu’ici été épargné par les attentats qui touchent d’autres pays de la région comme le Mali ou le Burkina Faso.