Le campus de l’université de Montpellier-III en mars 2017. / Camille Stromboni / Le Monde

Cette semaine, de nouvelles perturbations d’examens ont poussé les universités à se tourner vers des modalités d’évaluation différentes. Après avoir tenté de délocaliser les partiels à Arcueil, dans le Val-de-Marne, l’université parisienne de Nanterre décidé de dématérialiser les examens. Décision contre laquelle l’assemblée générale d’étudiants a voté mardi 15 mai.

C’était le choix qu’avait fait en avril l’université de Paul-Valéry de Montpellier-III, dont le campus avait été bloqué à la mi-février. « Huit cents examens ont été dématérialisés, seulement une vingtaine étaient organisés en présentiel, et dans ce cas ils étaient souvent délocalisés », indique l’université. Les enseignants avaient jusqu’à lundi pour rentrer les notes, l’université commence maintenant à faire le bilan de ce passage au numérique.

Pour permettre la tenue de ces examens, l’université Montpellier-III, qui a depuis plusieurs années déjà développé l’aspect numérique de ses enseignements, a dû tout de même déployer des moyens supplémentaires. « La direction informatique a fait en sorte de sécuriser les serveurs contre une éventuelle attaque. Elle a également veillé à augmenter la capacité des serveurs pour qu’ils puissent encaisser [un grand nombre de] connexion[s] simultanée[s] », explique François Perea, vice-président délégué au numérique.

Le saccage des serveurs informatiques de l’université, le 11 avril, avait provoqué la suspension des examens quatre jours durant, après quoi ces derniers avaient pu reprendre.

Des sujets d’examens revus

L’équipe permanente de 4 ou 5 ingénieurs pédagogiques qui accompagnent toute l’année étudiants et enseignants dans l’utilisation de la plate-forme d’enseignement en ligne Moodle, sur laquelle se sont déroulés les examens, a, pour l’occasion, été renforcée par d’autres agents. L’entraide entre professeurs a aussi permis d’« alléger un peu la tâche » comme le raconte Yann Bisiou, maître de conférences en droit : « Dans notre département, une enseignante référente déjà familiarisée avec Moodle et l’organisation d’examens a été nommée référente. On a développé une espèce d’entraide entre enseignants. »

Certains ont dû revoir une partie voire la totalité de leurs sujets d’examens quand le passage au numérique a été décidé. M. Bisiou raconte ainsi que pour un examen de QCM, il a décidé de rédiger plus de questions que prévu et ainsi proposer plusieurs versions du QCM avec des questions aléatoires choisies par Moodle, « comme ça, si deux étudiants essaient de le faire ensemble, ils n’auront pas les mêmes questions ».

François Perea ajoute que, dans le cas du QCM, la plate-forme permet à l’étudiant de rester sur une question pour un temps imparti, il n’a donc en théorie pas le temps de faire des recherches sur Internet ou dans ses cours. Pour les oraux, il était demandé aux étudiants de s’enregistrer directement sur la plate-forme.

« Pas une procédure d’évaluation satisfaisante »

Pour autant, le département de sciences du langage a voté le 15 mai une motion affirmant qu’il « refuse l’obligation de dématérialisation des examens en présentiel pour les années à venir. Il considère que ce n’est pas une procédure d’évaluation universitaire satisfaisante ». Arnaud Richard, enseignant au sein de ce département constate que le bilan est très mitigé. « Dans notre département, il a été assez compliqué par exemple d’évaluer la phonétique pour laquelle il faut un alphabet spécifique qui n’est pas forcément installé. » L’enseignant a par ailleurs eu des retours d’étudiants qui avaient rencontré des difficultés une fois sur la plateforme, tout en soulignant le « travail exceptionnel de la direction informatique ».

Le syndicat étudiant Solidaires, qui avait sans succès, avec SUD-Etudiant, saisi le tribunal administratif de Montpellier pour contester la numérisation des examens compile les témoignages des étudiants. « Nous avons lancé un appel à témoignage, raconte Cécile Alphon-Layre. On a recueilli aujourd’hui un retour d’une cinquantaine d’étudiants à l’heure qu’il est. Certains nous parlent de problèmes techniques ; de zéro, alors qu’ils ont rendu le devoir, etc. »

Mais le syndicat dit vouloir attendre la fin des rattrapages pour voir combien d’étudiants seront vraiment pénalisés. « Beaucoup d’étudiants comptent sur les rattrapages, si après ça certains viennent nous voir en disant qu’ils n’ont pas eu leur année, alors on mettra l’université devant ses responsabilités. »

L’université, elle, constate pour le moment que le taux de participation aux examens est semblable aux années précédentes, environ 80 %, avec des notes qui ne semblent pas « anormalement élevées », excluant, selon elle, le recours à la triche.