Antoine Griezmann pourrait quitter l’Atletico Madrid cet été. Avant cela, il entend offrir à son club une Ligue Europa. / JUAN MEDINA / REUTERS

Alain Griezmann doit être un homme heureux. Lui qui regrettait que son fils ait été snobé dans sa jeunesse par les équipes de l’Hexagone – une question de gabarit à une période où la France du foot, même en formation, ne jurait que par des golgoths – et d’avoir dû « se claquer 900 kilomètres en voiture tous les week-ends pour aller le voir », va voir son désir devenir réalité.

Plutôt que San Sebastian, ville de la Real Sociedad, « j’aurais préféré aller à Lyon », expliquait le père d’Antoine Griezmann l’an passé dans So Foot. Quatorze ans après que l’attaquant de l’équipe de France a été refusé par le centre de formation de l’Olympique lyonnais, son père va pouvoir effectuer les 70 kilomètres séparant Mâcon de la capitale des Gaules. Mercredi 16 mai, Antoine Griezmann va fouler la pelouse du stade des Lumières de Lyon. Opposé à l’Olympique de Marseille en finale de Ligue Europa, l’attaquant de l’Atletico Madrid entend remporter sous le maillot des Colchoneros le premier titre de sa carrière (si l’on fait exception d’une Supercoupe d’Espagne en 2014).

Cette pelouse du stade de Décines, dans la banlieue lyonnaise, Griezmann la connaît bien. C’est là, voici deux ans, qu’en inscrivant un doublé – sans les mains – face à l’Irlande, il avait qualifié les Bleus pour les quarts de finale de l’Euro 2016. Trois ans auparavant, alors blond peroxydé et le maillot de la Real Sociedad sur les épaules, le natif de Mâcon s’était envolé dans le ciel du stade de Gerland, crucifiant l’Olympique lyonnais d’un splendide retourné acrobatique. Et barrant de fait l’accès à la Ligue des champions au club rhodanien qu’il supportait dans sa jeunesse. « Jusqu’à mon départ pour le Pays basque, j’allais très souvent avec mon père à Gerland, relatait-il au JDD en juin dernier. J’y étais même le soir du premier titre de champion de l’OL en 2002. J’ai vibré devant les coups francs de Juninho et les buts de Sonny Anderson. J’ai assisté aux débuts de Karim Benzema. J’avais acheté son maillot, le bleu à manches longues. »

D’ailleurs, Lyon, le gaucher des Bleus y était la semaine passée. A six jours de la finale de la compétition européenne, le Français a délaissé le rectangle vert pour le turf pour assister jeudi – plus ou moins incognito – à une course sur l’hippodrome de Lyon-Parilly. Fils d’un « fou de courses », Griezmann a acquis une pouliche, Princesa, l’hiver dernier, et n’a pas voulu manquer ses débuts en compétition.

Après la course – terminée à la troisième place –, le néo-propriétaire n’a pas caché avoir ressenti une pression « pire que [son] pénalty en finale de la Ligue des champions ». Des propos, tenus sur la chaîne Equidia, qui ont fait bondir certains supporteurs de l’Atletico Madrid, auprès de qui « Grizou » n’est plus en odeur de sainteté. Lors de la finale de l’édition 2016 de la Ligue des champions, le Français avait envoyé sur la barre un pénalty pouvant mettre son équipe à égalité face au Real Madrid (vainqueur aux tirs au but).

Passe d’armes entre le FC Barcelone et l’Atletico Madrid

Auteur d’une nouvelle saison de haut vol (19 buts en championnat et 6 en Europe) et grand artisan de la qualification des Colchoneros pour la finale européenne, Antoine Griezmann paie auprès des fans madrilènes la passe d’armes entre les dirigeants du FC Barcelone et de l’Atletico Madrid à propos de la couleur du maillot qu’il revêtira en août prochain.

Le contrat du Français avec le club madrilène court jusqu’en 2022 et fait état d’une clause libératoire de 200 millions d’euros. Une somme importante qui sera automatiquement divisée par deux à compter du premier juillet. Ce dont entendent tirer profit les dirigeants barcelonais, qui ne cachent plus leur intérêt pour la star des Bleus.

« Nous avons des relations avec son représentant, comme on en a avec d’autres représentants, a reconnu voici une semaine Josep Maria Bartomeu, le président de l’institution catalane sur une radio locale. C’était en octobre, une rencontre, rien de plus. » Quelques jours auparavant, le buteur blaugrana Luis Suarez s’était réjoui, lors d’une interview sur une radio uruguayenne, que le Barça « recrute des joueurs de la qualité d’Antoine, de Dembélé, de Coutinho ». Et de faire l’éloge de Griezmann, « un joueur qui apporte énormément, joue à ce niveau depuis de nombreuses années et est toujours en train de se battre ».

Antoine Griezmann a inscrit quatre buts en Ligue Europa cette saison. / Matt Dunham / AP

Des déclarations, accompagnées de rumeurs de la presse catalane faisant état d’un accord entre les représentants de Griezmann et le club de Lionel Messi, qui ont déclenché l’ire des Rojiblancos. « Nous en avons marre de l’attitude du Barça », a tancé Miguel Angel Gil Marin, conseiller délégué de l’Atlético, dans un communiqué, expliquant n’avoir « jamais négocié pour Griezmann et nous [n’avoir] aucune intention de le faire ». Réclamant « du respect pour le club », les dirigeants de l’Atletico, qui ont porté l’affaire devant la FIFA (Fédération internationale de football) en décembre, dénonçant l’approche illégale de leur star par le Barça (une pratique pour laquelle ces mêmes Colchoneros ont été condamnés par le passé), et aspirent à voir le club barcelonais payer la totalité de la clause libératoire de leur joueur en cas de départ, arguant de contacts anciens.

« C’est mon tour » de gagner un trophée

Si le quotidien sportif espagnol As affirme que Griezmann a informé Diego Simeone, son exigeant entraîneur argentin à Madrid qui lui a permis d’atteindre son niveau actuel, en décembre dernier de son départ à la fin de la saison et de ses envies de Catalogne ; le président de l’Atletico, Enrique Cerezo, a martelé dans les colonnes de Marca que « Griezmann est un joueur de l’Atletico, un point, c’est tout ».

Figure de proue du club madrilène depuis 2014, Antoine Griezmann a insisté tout au long de la saison pour régler les détails concernant son avenir avant le début de la Coupe du monde (du 14 juin au 15 juillet, en Russie). Avant ce rendez-vous mondial, l’attaquant des Bleus a un autre match à disputer. Mercredi, au stade des Lumières de Lyon, face à l’Olympique de Marseille, « le plus grand club de France », selon ses dires.

« Nous atteignons une autre finale, nous sommes ravis et nous espérons que l’histoire finira bien, se félicitait le Mâconnais au micro de beIN Sports au sortir du match retour face à Arsenal. Il s’agit de la quatrième finale européenne disputée par les hommes de Diego Simeone depuis 2011. Nous essaierons de bien faire les choses et de gagner l’Europa League. J’aimerais bien gagner, enfin, un trophée, c’est mon tour. » Les Marseillais sont prévenus, un coup de « Grizou » les menace mercredi.