Patrick Koller, le directeur général de Faurecia, lors de la présentation des résultats 2016 de l’équipementier automobile, à Paris, le 9 février 2017. / ERIC PIERMONT / AFP

Opération séduction boursière pour Faurecia. Le directeur général du premier équipementier automobile français, Patrick Koller, recevait près de 150 analystes financiers et investisseurs, mardi 15 mai à Paris. Le but : les convaincre que l’action Faurecia, qui connaît un début d’année 2018 en demi-teinte, reste un excellent placement.

« Il s’agit de démontrer la qualité de notre business model » expliquait M. Koller en préambule de la journée. L’entreprise, filiale à 46 % de PSA, promet une croissance forte et rapide du chiffre d’affaires de plus de 1 milliard d’euros par an. Les ventes passeraient ainsi de 17 milliards d’euros en 2017 à 20 milliards en 2020, avec 30 milliards comme horizon en 2030, soit un quasi-doublement en huit ans.

« Notre portefeuille de commandes de 62 milliards d’euros nous autorise cet optimisme, précise M. Koller, tout comme les marchés sur lesquels nous sommes très bien positionnés : le haut de gamme, les constructeurs chinois et ce que nous appelons les new value spaces : le cockpit de la voiture de demain et la mobilité durable et décarbonée. »

Générer davantage de liquidités

Mais, le thème majeur du jour n’était pas tant la promesse des technologies en devenir que les outils pour améliorer la rentabilité actuelle et la porter dans deux ans à 8 % de marge opérationnelle (contre 6,9 aujourd’hui). De la croissance, oui. Mais surtout rentable.

Place donc aux tours de vis et aux serrages de boulons qui prennent la forme de plusieurs programmes stratégiques en cours de lancement. Premier objectif : générer davantage de liquidités, avec l’initiative « convert to cash ». Désormais, se faire payer dans des délais raisonnables, voire au lancement d’un programme devient une priorité. Résultat recherché : un doublement du flux de trésorerie qui doit passer de 435 millions d’euros aujourd’hui à 800 millions, soit 4 % des ventes, dans deux ans.

Ensuite, il va falloir faire des économies de recherche et développement, essentiellement par la baisse du coût horaire moyen du personnel de recherche qui doit passer de 64 euros en 2017 à 50 euros en 2020. Pour y parvenir, il y a d’abord les solutions « traditionnelles » : la délocalisation des emplois des régions à salaires élevés vers les pays à bas coût, comme l’Inde où Faurecia prévoit d’embaucher 1 200 ingénieurs. Mais l’équipementier envisage aussi un recours à l’intelligence artificielle appliquée au design ainsi qu’à la technologie de la « blockchain » destinée à réduire de 40 % la durée de développement de certains programmes.

« Nous devons améliorer notre flexibilité »

Enfin, M. Koller est bien décidé à mettre la pression sur ses 300 usines à travers le monde. Un système de notation automatisé comportant une série de critères (satisfaction client, performance opérationnelle et financière...) va évaluer le management des usines. Les meilleurs sites seront récompensés, les moins bons privés d’investissement de développement, voire expulsés du réseau industriel de Faurecia si la situation perdure.

« 5 % de nos usines, soit quinze sites, qui sous-performent cela coûte 150 millions d’euros. Nous ne pouvons pas nous le permettre, prévient M. Koller. Ceux qui sont à la traîne et ne se secouent pas pour améliorer leurs résultats n’ont pas vocation à rester dans notre organisation. »

Le régime est sévère mais justifié selon M. Koller par la nécessité de doter Faurecia de « capacités de résilience ». « Il y aura, un jour ou l’autre, un retournement de cycle, affirme le patron de Faurecia. Ce ne sera peut-être pas un atterrissage brutal. Mais nous devons améliorer notre flexibilité et notre agilité pour y faire face. »