C’est officiel. La CGT appelle à « une large mobilisation » à l’occasion de l’initiative intitulée « Marée populaire pour l’égalité, la justice sociale et la solidarité » du 26 mai organisée par des associations, syndicats et partis politiques tels que La France insoumise (LFI), le Parti communiste français (PCF) ou le Nouveau Partie anticapitaliste (NPA). « Il s’agit de rassembler la jeunesse, les retraités, les salariés en emploi et hors de l’emploi, les précaires ainsi que toutes celles et ceux qui, solidaires des luttes en cours, ne sont pas encore engagés dans l’action », écrit la CGT dans un communiqué publié mercredi 16 mai. Le syndicat précise que des initiatives seront organisées sur tout le territoire.

Ce choix a été approuvé, mardi, à une très large majorité par le comité confédéral national, le parlement de la CGT. Il n’en constitue pas moins une rupture pour la centrale de Montreuil, qui avait pris ses distances avec le politique dans les années 1990. Le 5 mai, le syndicat dirigé par Philippe Martinez avait refusé de participer à « La fête à Macron » lancée par le député LFI François Ruffin.

« Respect des périmètres d’intervention »

Cette fois, la CGT estime que cette décision se fait « dans le respect des périmètres d’intervention et des prérogatives de chacune des organisations » et que la confédération « reste ainsi fidèle à ses principes d’indépendance tout en favorisant l’expression du plus grand nombre de citoyens ». « La réussite de cette journée d’action sera un nouveau cap dans la construction d’un rapport de force indispensable à développer pour contrer les mauvais coups du patronat, du président Macron et de sa majorité parlementaire, et pour faire valoir l’exigence d’autres choix économiques et sociaux », explique le communiqué.

A l’origine de cette initiative : Attac et la Fondation Copernic, qui l’ont rendue publique le 4 mai. Solidaires, la FSU ou encore le Syndicat de la magistrature s’y sont également associés. Depuis début mai, la CGT participait aux réunions préparatoires. Elle était notamment représentée par la directrice de cabinet de M. Martinez, Elsa Conseil, et par Catherine Perret, la numéro deux de l’organisation. Dès lors, il semblait délicat pour le syndicat de faire marche arrière. La décision était même « prévisible », juge un participant au collectif du 26 mai. « Cela pouvait difficilement être autrement vu l’engagement de la direction de la CGT mais elle devait se border en interne », ajoute-t-il.

« Manifestation d’ordre politique »

Selon une source à la CGT, les débats ont cependant été « compliqués ». « Nous sommes une organisation très légitimiste quand ça vient d’en haut, explique-t-elle. Mais beaucoup d’interrogations se sont exprimées sur la ligne politique, la stratégie, la frontière entre le syndicalisme et le politique. » Pour cette source, « le message est complètement brouillé » : « C’est quoi une marée populaire ? Le mot d’ordre n’est pas clair. Nous ne sommes pas habitués à un attelage comme ça… »

Plusieurs des homologues de la CGT ont de leur côté refusé de s’associer au 26 mai. « Il n’y a aucune chance de voir la CFDT dans un défilé qui a une connotation politique et je ne juge pas le contenu de ce défilé, ce n’est pas mon problème », a tranché, lundi, son secrétaire général, Laurent Berger. « C’est une manifestation d’ordre politique, nous n’avons pas à nous en mêler et nous ne nous en mêlerons pas », avait également jugé, début mai, Pascal Pavageau, numéro un de Force ouvrière.