Au stade Vélodrome, le 16 mai. / Claude Paris / AP

Pendant des jours, ils y ont cru. Comme il y a vingt-cinq ans, ils se sont imaginés au lendemain de la victoire, accueillir leurs joueurs dans la joie. Ils se sont vus admirer cette coupe tant désirée. Ils ont espéré pouvoir réussir ce qu’aucun autre club français n’avait réussi à faire avant eux : remporter la Ligue Europa. Jusqu’à la dernière minute, mercredi 16 mai, alors que l’Atlético Madrid menait encore deux à zéro, certains supporteurs marseillais comme Sami, un étudiant en histoire de 21 ans, ont cru qu’« avec Marseille tout et [ait] possible ». Pour prouver leur ferveur, ils ont alors allumé les derniers fumigènes et crié, plusieurs fois, comme un seul homme : « Allez Marseille ! ».

Mais rien n’y a fait. « Il y avait l’envie mais on n’était pas au niveau », a finalement admis, perché sur un gradin, l’étudiant en histoire. Bien trop déçus, certains spectateurs n’ont même pas attendu la fin de la rencontre pour quitter le stade Vélodrome, dans lequel 22 400 personnes avaient obtenu un billet pour regarder la finale retransmise sur un écran géant.

Dehors, l’atmosphère, étrangement silencieuse, n’était pas celle des grands soirs. « On s’attendait à perdre mais avec un peu plus d’honneur », a lancé, la mine défaite, Romain, 29 ans, peintre en bâtiment, avant de railler le mauvais choix du gardien – « Il aurait fallu prendre Pelé, pas Mandanda » – sans parler de « l’occasion manquée de Germain » en début de match. Bien que « déçu », il a toutefois voulu dire « un grand bravo à Garcia [l’entraîneur de l’OM] d’être arrivé jusque-là, et de nous avoir rendu fiers du chemin parcouru ».

Aussitôt la défaite de l’Olympique de Marseille (OM) actée, le maire de la ville, Jean-Claude Gaudin, a « félicité », dans un communiqué, les joueurs de l’équipe mais aussi « le souvenir du spectacle » et « l’ambiance exceptionnelle » qui resteront « longtemps gravé [s] dans la mémoire des Marseillais ».

« C’était très bien parti »

Quelques heures auparavant, tous les espoirs étaient encore permis. Face à l’écran géant, les supporteurs de tous âges étaient motivés comme jamais. « La coupe, elle est pour nous », a-t-on même entendu au moment où celle-ci est apparue sur l’écran. En début de rencontre, fiers de leur équipe, prompts à applaudir chaque passe, les spectateurs ont multiplié les chants, et agité les bras, le sourire aux lèvres. Puis, Valère Germain a manqué un but. De quoi se faire copieusement insulter par les supporteurs marseillais. « Mais qu’il est nul ! », ont-ils pesté.

C’est à partir de la 21e minute, lorsque l’OM a encaissé un premier but, que l’ambiance a commencé à décliner. Quand, dix minutes plus tard, Dimitri Payet s’est blessé, et a quitté la pelouse du stade des Lumières de Lyon en pleurs, l’atmosphère est devenue franchement lugubre. A partir de là, plus personne n’a ri, plus personne n’a crié, plus personne n’a chanté dans le stade Vélodrome. Les visages se sont assombris mais les cœurs, eux, osaient encore y croire. « C’était très bien parti, le stade était en folie, on jouait bien. Avec un but et vu comme ils verrouillent la défense, ça risque d’être compliqué surtout avec la sortie de Payet », devinait déjà Florian, 16 ans.

« Le match d’une vie »

Pendant plusieurs jours, pourtant, cette finale a fait rêver des milliers de supporteurs. « Tous avec nos héros », titrait ainsi, mercredi 16 mai, l’édition spéciale du quotidien La Provence, avant de rappeler, tel un fan rempli d’espoir, qu’« une finale n’est jamais jouée d’avance ». Mercredi, il était à peine 9 h 30 que certaines voitures commençaient, aux abords du stade Vélodrome, à klaxonner de manière frénétique.

Ici et ailleurs, ces derniers temps, on s’était habitués à entendre le même refrain, devenu viral : « Jeaaaaan-Micheeeeel Aulaaaaaaasssss – du nom du président de l’Olympique lyonnais –… On va gagner chez toi !!!! » ou, dans une autre version devenue polémique, « … On va tout casser chez toi !!!! ». Des – peut-être les mêmes ? – avaient même fait le déplacement jusqu’à Notre-Dame-de-la-Garde pour brûler un cierge.

Bien que Ludo, 17 ans, n’ait pas franchi les portes de « la Bonne Mère », c’était, pour lui, « le match d’une vie ». Trop petit en 1993 pour assister à la victoire de l’OM face au Milan AC en Ligue des Champions, l’étudiant en maçonnerie pensait, cette fois-ci, que c’était « leur année ». Il a été déçu.

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